En juin 1953, Nicolas Bouvier et le peintre Thierry Vernet traversent les Balkans en Topolino. Ils rallient Istanbul. C’est le début de l’éblouissement et d’un voyage qui s’enfonce dans l’immensité de l’Asie. Bouvier n’atteindra la passe de Khyber en Afghanistan que dans l’hiver 1954.
Entre deux, des haltes et des endroits dont les seuls noms évoquent encore à nos oreilles la pierre, le sable et le vent : Tabriz, Quetta, Kaboul. L’Usage du monde paraît en 1963. Une oeuvre culte dans laquelle il fait l’éloge de la différence, détaille l’inconnu et transcende le simple carnet de route. «On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait», note-t-il. Comment le metteur en scène Dorian Rossel pouvait-il rester insensible à ce périple? La recherche des formes neuves, la transposition des expériences s’inscrivent au coeur même de sa démarche. En metteur en scène curieux, il s’attèle cette fois à l’écriture de Bouvier pour en tirer une flânerie théâtrale, à la fois rigoureuse et émerveillée.
Nicolas Bouvier est le romancier genevois majeur du XXe siècle. Écrivain, photographe, iconographe, il décède en 1998. Parmi ses textes : Le Poisson Scorpion, Chronique japonaise. En 1995, il reçoit le Grand Prix C. F. Ramuz pour l’ensemble de son oeuvre.
La démarche de Dorian Rossel est l’une des plus imaginatives de la scène romande actuelle. Ces deux dernières saisons, en tant qu’artiste associé à la Comédie de Genève, il a créé Quartier lointain et Soupçons.