Avec Christian Immler, baryton et Georges Starobinski, piano
Le cycle de lieder de Brahms, un de ses plus grands chefs-d'œuvre et l'un des plus méconnus, s'appuie sur des poèmes insérés dans un roman de chevalerie que Tieck écrivit en 1797 à partir d'une source française lointaine: un poème écrit par Bernard de Trèves, chanoine de Maguelone, au XIIe siècle. La mode était au Moyen Âge. Le ton de légende, si prisé par le premier romantisme allemand, et si présent chez Schumann, résonne dans le style de Brahms, mais il transpose le climat méditerranéen du conte, qui nous emmène jusque chez le sultan de Babylone, dans des couleurs plus nordiques, transfigurant le son du luth dans une écriture de piano d'une incroyable richesse. Dotant chaque poème d'une forme et d'une durée spécifiques, le compositeur renouvelle la forme du cycle de lieder dans un sens épique, comme si l'auditeur était entraîné dans l'errance du héros. On peut aussi voir dans l'amour absolu du comte Pierre de Provence et de la belle Maguelone, qui exalta Brahms dans sa jeunesse, la projection de l'amour indéfectible que le compositeur voua toute sa vie à Clara Schumann, et qui résonne dans les mots «liebliche, selige, himmlische Lust» («suave, bienheureux, céleste plaisir») qui terminent l'œuvre.
Philippe Albèra
Christian Immler a étudié à la Guildhall School à Londres auprès de Rudolf Piernay. Son succès au concours international Nadia et Lili Boulanger à Paris en 2001 a lancé sa carrière. Il chante aussi bien le répertoire baroque (avec Marc Minkoswki, Philippe Herreweghe, Andrew Parrott, William Christie ou Michel Corboz) que le répertoire romantique et moderne, l'opéra et le lied, sur les scènes internationales. Il est professeur de chant à l'Hemu à Fribourg.
Georges Starobinski, musicologue et pianiste, consacre la plus grande partie de ses concerts à l'accompagnement du lied. Il collabore de manière privilégiée avec Christian Immler. Formé à Genève et Munich, il est titulaire de la chaire de musicologie de l'Université de Lausanne, et enseigne à ce titre à l'EPFL, ainsi qu'à l'Hemu Lausanne et à l'Université de Genève.
A 19h, dans la salle
Plein tarif Fr. 10.- / Tarif réduit Fr 5.- / Gratuit pour les abonnés
Avec le soutien de la Fondation Hans Wilsdorf