Une aventure théâtrale au cœur de la forêt !
À vivre en feuilleton de 4 épisodes ou en intégrale durant tout un week-end.
Platonov, chef-d’œuvre de jeunesse de Tchekhov, une pièce fleuve que Mathias Brossard nous invite à suivre au fil de l’eau, à travers champs, dans la forêt. Une aventure théâtrale en décor naturel, un Tchekhov in situ qui fait théâtre de tout, de chaque caillou, arbre, rivière ou vallée.
Portrait d’une jeunesse russe engluée dans l’impossible héritage des pères, Platonov fouille la solitude abyssale d’un homme dont le vide aimante les femmes – un personnage qui se dilue dans l’impossibilité d’aimer et ne fait que précipiter la fin, la sienne et celle d’un monde voué à disparaître.
« De loin, été après été, nous suivions Mathias Brossard qui répétait avec une bande d’amies et d’amis fidèles, une bande qui n’aurait rien imaginé d’autre que d’aller tous les étés en Lozère pour mêler leur jeunesse à celle de Tchekhov. Pour faire du théâtre en femmes et hommes des bois, avec rien d’autre que la lumière naturelle, la confiance dans les mots de l’auteur, avec une rage purement rieuse de jouer, jouer, jouer. Et d’inventer, hors des sentiers battus au sens propre, une nouvelle et très ancienne manière de raconter une histoire au public. » NKDM
MATHIAS BROSSARD
Dès sa sortie de La Manufacture en 2015, Mathias Brossard s’adonne à la mise en scène via des assistanats avec Denis Maillefer, Nicolas Stemann, François Gremaud et monte ses premiers projets hors les murs du théâtre. Le plein air lui permet de faire dialoguer des espaces naturels ou urbains avec une œuvre écrite portée par une distribution importante, dans un esprit de troupe. Le lieu, les comédiennes et comédiens et le texte sont les vecteurs nécessaires à ses création in situ. Il dit « se contenter d'orchestrer la rencontre entre ces trois éléments parfois hétéroclites ».
Avec le collectif CCC (Comédiennes et Comédiens à Ciel ouvert) il monte Platonov de Tchekhov en 2015, au cœur d'une hêtraie centenaire dans son village natal des Cévennes. Pendant cinq ans, la troupe s’est réunie quelques semaines par été pour monter chaque année un acte. Son Platonov dure 11h réparties sur 2 journées.
Soucieux de l’impact sur la nature produit par l’acte théâtral – qu’il souhaite le plus minimal possible hormis dans le souvenir des spectateurs – le collectif travaille sans électricité ni infrastructure lourde, animé par la volonté de s'inscrire dans une réalité préexistante.
Avec Les Rigoles, spectacle inspiré de la BD de Brecht Evens, il renouvelle le déploiement in situ d’une œuvre pour 11 interprètes dans un lieu qui ne lui est pas destiné au départ. Chaque représentation suppose de s’adapter au territoire investi.
ANTON TCHEKHOV
Qu’on prononce son nom et surgissent des personnages qui nous projettent dans la Russie de la fin du XIXesiècle. Il n’y a plus là ni action d’éclat ni héros, juste la vie et ses délitements. Cet univers réaliste, mélancolique aussi, on le doit à un formidable observateur, né en 1860, petit-fils de serf, qui commence à écrire pendant ses études de médecine : des nouvelles, une pièce fleuve – Platonov – et plus tard la description anthropologique des bagnards de l’île de Sakhaline. Il meurt de la tuberculose à 44 ans, en 1904.
L’essentiel de son théâtre est publié à partir de 1887. Parmi ses pièces maîtresses figurent Platonov écrit en 1880-1881, dont le manuscrit sera retrouvé et publié après sa mort, Ivanov (1887) qui raconte le désarroi d’un petit propriétaire terrien et son impuissance à agir sur la vie, Oncle Vania (1896) qui questionne avec mélancolie l’amour sans retour et le renoncement, La Mouette (1897) qui analyse de manière personnelle les enjeux du métier d’écrivain et les conflits entre l’art et la vie, Les Trois Sœurs (1900) qui dépeint les veuleries d’une société provinciale que va désarmer l’espièglerie rêveuse de trois femmes. Leur aspiration à un ailleurs fantasmé sera piégée par l’ennui et l’inertie. Enfin, La Cerisaie (1903) qui prend une maison et son jardin comme lieu des illusions perdues, de la perte et de la fuite du temps.