Dans le scénario de Fellini, Amelia et Pippo formaient un duo de danseurs de claquettes emblématique des années 40, et connu sous le nom de Ginger et Fred, en référence à Ginger Rogers et Fred Astaire. Au milieu des années 80, ils se remettent en piste pour une émission de télévision. Quarante ans ont passé ; la machine publicitaire vole la vedette aux arts vivants.
Daria Deflorian et Antonio Tagliarini
Le tandem installé à Rome combine ses talents depuis 2008. Elle est auteure et comédienne. Lui est auteur, performeur, danseur et chorégraphe. Elle et il aiment sinuer ensemble sur le fil ambigu entre répétition et représentation, réel et fiction, usant d’une apparente simplicité formelle et d’un mode narratif qui rapproche le spectateur de l’œuvre. Passionnés de cinéma, elle et il œuvrent à l’intersection entre art scénique, art contemporain, philosophie, sociologie et réflexion politique.
Quelques œuvres-clés :
- Rewind (2008). Hommage au spectacle Café Müller de Pina Bausch.
- Reality (2015). Pendant plus de cinquante ans, Janina Turek, habitante de Cracovie, a recensé tous les micro-évènements de sa vie. À sa mort, sa fille retrouve 748 carnets. Le spectacle Reality n’est ni la mise en scène, ni la reconstitution de cet inventaire hallucinant mais un dialogue imaginaire avec Janina.
- Il cielo non è un fondale (2016). Quelle trace nous laisse la vie en ville ? Ce spectacle évoque les sédiments émotionnels que l’urbanité dépose secrètement en nous en évoquant notre rapport à l’espace collectif.
- Quasi niente (2018). Inspiré du film Désert rouge d’Antonioni, ce spectacle gravite autour de sa principale protagoniste : Guiliana. Les cinq interprètent mêlent leur histoire personnelle à la fiction inspiratrice.
- Qui a tué mon père (2020). Adaptation et mise en scène du texte d’Édouard Louis.
Federico Fellini
Qu’on aime ou pas sa fantaisie baroque, Fellini trône indéniablement dans le panthéon des réalisateurs les plus importants de l’histoire du cinéma. Véritable démiurge d’un univers dominé par des personnages dont l’effronterie et l’exubérance semblent des pieds de nez subversifs à la morosité de son enfance marquée par le fascisme et l’austérité religieuse. Son génie, à l’étroit dans les règles narratives classiques, ne va pas tarder à les faire voler en éclats.
Quelques tournants de vie :
Fellini écrit des nouvelles pour la radio italienne. Giuletta Masina est l’une des lectrices engagées pour mettre ses textes en voix. Leur rencontre de hasard est un vrai coup de foudre. Ils se marient en 1943.
- La Strada (1954). Premier succès international pour Fellini. Vendue par sa mère à un Hercule de foire, Gelsomina, femme-enfant naïve est embarquée sur les routes d’Italie et dans la rudesse de la vie foraine. Malgré la brutalité et l’infidélité de son compagnon d’infortune, la jeune femme développe un attachement obstiné pour le malotru.
- La Dolce Vita (1960). Palme d'or au festival de Cannes. La musique lancinante de Nino Rota ou la scène torride où Anita Ekberg et Marcello Mastroiani s’ébrouant dans la fontaine de Trevi ne sont pas les seules raisons pour lesquelles les cinéphiles continuent à vénérer ce film culte. On suit avec délice les errances amoureuses de Marcello Rubini, auteur raté qui gribouille des chroniques dans un journal à sensations. Il traîne désespérément sa truffe dans les lieux « in » pour décrocher du scoop, tout en trompant son ennui sentimental. Quand Sylvia, star hollywoodienne, débarque à Rome, moulée dans sa robe à fourreau noire…
- Huit et demi (Otto e mezzo) (1963). Dans ce film personnel, Fellini livre ses angoisses et fantasmes de cinéaste à travers son « double cinématographique » ; Marcello Mastroianni ouvre une passionnante réflexion sur la création artistique.
- Satyricon (1969). Adaptation cinématographique du roman attribué au poète latin Pétrone. Les protagonistes principaux sont deux étudiants, Encolpe et Ascylte, qui papillonnent d'aventures en aventures, guidés par leur instinct de jouissance. Dans un entretien, Fellini recentre son projet cinématographique. Il ne reconstitue pas une époque historique mais restitue la « grande galaxie onirique, plongée dans l'obscurité, au milieu de l'étincellement d'éclats flottants qui sont parvenus jusqu'à nous (…). Le monde antique n'a jamais existé, mais, indubitablement, nous l'avons rêvé. »
- La Voce della luna (1990). Film au climat crépusculaire — qui lui donne, rétrospectivement, un aspect étrangement prémonitoire — puisqu’il se clôt l'activité cinématographique de Fellini.
Un Oscar d’Honneur pour l’ensemble de sa carrière lui est attribué en 1993.