La saison passée, on se bousculait aux portes du studio André Steiger pour assister au Voyage au bout de la nuit de Céline mis en scène par Philippe Sireuil. Suite à ce très beau succès, la Comédie en propose une nouvelle série de représentations.
Voyage au bout de la nuit est un chef-d’oeuvre de l’entre-deux-guerres, un texte qui semble fait pour être écouté. Un récit à la première personne, un « roman-voix » qui tranche et qui s’impose. Un style unique, compact, puissant, dru : il n’y a pas de gras dans la viande des mots de Céline, que du nerf et de la chair – mais il nous donne toute la bête.
Hélène Firla, seule en scène, incarne Bardamu, héros-narrateur, soldat réchappé de l’enfer de la Grande Guerre. Cigarette roulée vissée entre les lèvres, costume d’homme, corps chétif et voix rauque, l’actrice, prodigieuse, restitue pleinement au texte sa beauté, sa violence, sa grandeur.
Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) est adulé et honni. Il est à la fois l’auteur de Voyage au bout de la nuit, de Mort à crédit, et celui de pamphlets antisémites aussi nauséabonds que délirants. Il est le pacifiste qui a dénoncé les horreurs de la Grande Guerre et l’homme qui s’est compromis avec les plus extrémistes des collaborateurs sous l’Occupation.
Philippe Sireuil est metteur en scène de théâtre et d’opéra, cofondateur du Théâtre Varia, directeur artistique du Théâtre de la Place des Martyrs (Bruxelles) depuis janvier 2016. Il a occupé pendant une vingtaine d’années une charge de cours à l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle (INSAS) de Bruxelles. Parmi ses mises en scène récentes : Les Mains sales de Sartre (Comédie de Genève, 2013), Récit de la servante Zerline de Broch (Théâtre de la Place des Martyrs, 2014), Des Mondes meilleurs de Pourveur, que l’on a pu voir la saison passée à la Comédie.