De ce qui fait une pièce, tout doit disparaître. Ou presque. Les entrées, les sorties, les personnages, les décors et les scènes. Ne restent que deux choses. Primo ce texte imparable de Rudi Bekeart, Enfin bref, qui promène le spectateur dans le monde de l’argent : safaris, bijoux, prozac, voitures et compagnie, alternativement dans la riche villa des Ickxs et dans la riche villa des Bertin. Deuxio les acteurs, alignés sur le devant de la scène avec des fauteuils en cuir, tous habillés en fuschia soyeux. Et la parole de ces nantis circule aléatoirement d’un acteur à l’autre sans distinction d’âge ou de sexe. Une manière cinglante, drôle, très drôle, de mettre à plat la haute bourgeoisie et son faux bien-être. Transquinquennal, compagnie belge francophone, et Dito’Dito, groupe néerlandophone, unissent leurs penchants théâtraux depuis 1997 autour de textes contemporains. Ils servent aujourd’hui, avec une franche et fraîche radicalité, cette question qui faufile la pièce : comment avoir et être?