C’est l’un des temps forts d’une semaine consacrée par la Comédie en partenariat avec la Fondation Martin Bodmer au bicentenaire de la mort de Sade. C’est la quatrième reprise d’un succès : un texte « scandaleux », dont la création par Hervé Loichemol a eu lieu pour la première fois en 1987 au Théâtre de Vidy-Lausanne.
Nous sommes chez le divin Marquis. Une soirée chez le Marquis de Sade, entre deux parties fines. On reprend des forces. On se restaure – le corps, mais aussi l’esprit. Une conférencière entre en scène. Suivant un rituel très établi, elle se lance dans une démonstration sous les yeux de l’hôte et de ses convives. L’objet de ses réflexions? Rien moins que la religion, la politique, les mœurs, la liberté. Soit un siècle de pensée qu’elle dévide et qu’elle pousse dans ses derniers retranchements avec une simplicité sidérante. C’est ici la philosophie des Lumières que vise Sade: qu’advient-il de cette philosophie lorsqu’elle est portée à son paroxysme, lorsqu’on en développe les conséquences les plus extrêmes? Des effets brûlants, dont les siècles suivants verront la vérification... Le «divin Marquis» était un visionnaire. Il n’a pas fini de nous surprendre.
Français, encore un effort fut l’un des premiers travaux communs d’Hervé Loichemol et Anne Durand, après Mademoiselle Else de Schnitzler, et avant Épître aux jeunes acteurs d’Olivier Py. Un spectacle auquel le metteur en scène et l’actrice n’ont eu de cesse de revenir – pas moins de trois reprises, en 1989, 1993, et 2001 – après une première création couronnée de succès au Théâtre de Vidy-Lausanne.
BIOGRAPHIE
Sade (1740-1814) a vécu vingt-sept ans de sa vie en prison, il a été incarcéré sous tous les régimes (Monarchie, République, Consulat, Empire). Sa vie sulfureuse et l’érotisme présent dans ses écrits ont longtemps éclipsé la qualité littéraire et l’aspect profondément philosophique de son œuvre. C’est à Apollinaire et aux surréalistes que l’on doit sa redécouverte.