Un homme se réveille avec des envies de croquettes aux crevettes. Un autre se regarde dans un miroir : « Au secours, je vis », pense-t-il. Un troisième écoute sa femme, qui, comme chaque matin, lit à voix haute les actualités sur son iPad. C’est le 75e anniversaire de Bob Dylan, la Belgique s’est réveillée mi-figue, mi-raisin. Nous sommes à la veille d’une campagne électorale, dont les trois hommes sont les protagonistes : Raymond et Henri, les deux candidats, et Jean-Pierre, le « scribe » de Raymond.
De la vivacité, de la poésie, un sens aigu de la formule et de la réplique acérée... Le texte de Pourveur, sur fond de crise économique, existentielle et amoureuse, de déprime sociale et de rêves à réinventer, frappe par sa justesse, sa profondeur, par l’acuité du regard porté sur notre monde contemporain. Pour le mettre en scène, Philippe Sireuil, dont la création des Mains sales à la Comédie en 2013 a marqué les esprits.
Paul Pourveur, né à Anvers en 1952, dramaturge et scénariste bilingue (il écrit en français et en néerlandais), s’est rapidement imposé comme l’un des grands représentants de la nouvelle dramaturgie flamande. Parmi ses œuvres les plus remarquables, on peut citer Shakespeare is dead, get over it (création par Philippe Sireuil à Bruxelles au Théâtre National en 2008) et L’Abécédaire des temps (post)modernes (création par Michael Delaunoy au Rideau de Bruxelles en 2009).
Philippe Sireuil est metteur en scène de théâtre et d’opéra, cofondateur du Théâtre Varia, compagnon du Théâtre de la Place des Martyrs (Bruxelles) depuis 2008. Il a occupé pendant une vingtaine d’années une charge de cours à l’Institut national supérieur des arts du spectacle (INSAS) de Bruxelles. Parmi ses mises en scène récentes : Les Mains sales de Jean-Paul Sartre (Comédie de Genève, 2013), Récit de la servante Zerline de Hermann Broch (Théâtre de la Place des Martyrs, 2014), Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline (Le Châtelard, 2014).
Un spectacle salué par la presse belge
"Comment mettre en scène un tel texte ? Philippe Sireuil s'y est attelé en l'éclairant non comme un drame mais comme une farce. Et l'on rit. Du système, d'un petit pays et de soi-même."
Éric Russon, Moustique
"Acide et lucide comédie, voire un peu aigre, « Des Mondes meilleurs » décline belgitude et solitude, concrétude et incomplétude. Avec un œil sur les discours politiques et leurs manipulations (...)"
Marie Baudet, La Libre Belgique
"À la mise en scène, Philippe Sireuil orchestre avec panache ces chassés-croisés entre tensions politiques et crises conjugales, patinant le tout de clins d’œil burlesques (...)"
Catherine Makereel, Le MAD
"Deux jeunes filles sémillantes (Gwendoline Gauthier et Chloé Winkel, glamours et pétulantes à souhait…) jouent les conteuses de cette fable contemporaine les deux pieds dans le sable d’Ostende et le réel, au milieu d’un décor épuré, ce qui permet des projections, où les portes et les mots claquent."
Bernard Roisin, L’Écho