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Un chœur contemporain

Droite

Gen Z est le portrait de la génération Z, cette génération née au tournant du millénaire, souvent assommée à coup de clichés : une génération fourvoyée, dit-on, qui ferait tout trop vite et ne voudrait plus apprendre, génération du zapping, des selfies et des like. Mais Gen Z fait la peau à ces stéréotypes. Rien de sombre ici. Au contraire. Des traits de couleurs qui composent une fresque sensible et vivante d’une génération en quête d’elle-même, pleine de rêves, une génération qui a foi en l’avenir.

Démarche documentaire

Dans une démarche documentaire, pour un théâtre documenté, Salvatore et son équipe ont récolté les paroles de jeunes à travers toute l’Europe – en Serbie, en Estonie, en France, en Espagne –, des paroles qui se mêlent à celles du groupe de jeunes genevois, des jeunes inscrits dans le nouveau cursus de l’Etat de Genève, FO18, garantissant à chacun une formation jusqu’à 18 ans, qui sont présents sur la scène.

Un portrait dans lequel ils parlent en leur nom, mais sont aussi amenés à restituer la parole de l’autre. Un portrait qui cherche en eux tout en les décentrant.

Esthétique protéiforme 

Le spectacle s’ancre d’abord dans une situation réaliste, celle de la salle de classe. Ce sont eux, ces jeunes nés après 1995, eux dans la vie, aujourd’hui.

Une salle de classe stylisée néanmoins, comme une matière première, brute et transposée, qui puise dans la boîte à outils théâtrale, empoigne un micro, ose l’adresse frontale, compose des mouvements d’ensemble presque chorégraphiés.

Telle une piste de décollage, l’ancrage réaliste ouvre petit à petit sur un horizon poétique. Entre salle de classe et music-hall. Ce sont eux, toujours, eux dans une version augmentée, fantasmée d’eux-mêmes. Eux et leurs désirs. Eux et leurs projets.

Au sens musical comme au sens littéraire, Gen Z se déploie à la manière d’une polyphonie, en multipliant les voix, narratives, artistiques, tonales presque.

Une polyphonie dans laquelle les jeunes présents au plateau forment un chœur contemporain dont chaque protagoniste serait le porte-parole du groupe tout en jouant aussi sa partition de soliste. Autant de termes empruntés à la musique qui font écho à l’approche cadencée et rythmique de Salvatore Calcagno.

Arielle Meyer MacLeod