D’après Madame Bovary de Gustave Flaubert
Première à la Comédie de Genève
Les Fondateurs reviennent avec une de ces mises en abyme ludiques et enjouées qu’ils affectionnent. Réunis dans leur cuisine, trois acteurs et actrices discutent, boivent et mangent, tout en essayant d’élaborer une scénographie : celle de l’adaptation théâtrale de Madame Bovary de Flaubert. Bientôt, les velléités de grandeur du personnage principal vont contaminer le groupe au travail. Frustrée par la platitude de sa vie provinciale aux côtés d’un mari insipide, Emma Bovary se rêve des vies trépidantes par procuration littéraire ou passions adultères. De même, les concepteurs explosent les limites du raisonnable, débrident leur imaginaire collectif et, d’élucubrations en dérives mégalos, se lancent dans un chantier théâtral aussi vertigineux que drolatique : réconcilier sous nos yeux la réalité et le rêve, mais aussi, le trivial et le lyrique. Les bien-nommés Fondateurs conservent l’architecture du récit original, pour mieux en rebâtir l’agencement intérieur.
"Des artistes qui se mettent à raconter, qui se demandent comment raconter. Le théâtre fait cela depuis toujours. Chercher à inventer comment raconter. Écoutez le contraste sonore entre le mmmmmmmm de Emma, et le brutal/bovin Bovary, disait l’inoubliable prof de français de DM, tout le livre est là. Qu’a-t-elle à nous dire aujourd’hui, Emma Bovary ? " NKDM
Cie Les Fondateurs
Le metteur en scène Julien Basler et la scénographe Zoé Cadotsch fondent en 2009 la compagnie Les Fondateurs avec l'idée d'intégrer la construction de l'espace dans la représentation. En collaboration avec une équipe fidèle d’interprètes, ils développent une méthode d’improvisation permettant aux actrices et acteurs de bâtir la scénographie, les mouvements et les dialogues du spectacle d’un seul et même geste, le tout en live. La construction du décor devient dès lors l’axe dramaturgique de la série intitulée Les Fondateurs qu'ils déclinent au fil des saisons, introduisant à chaque projet de nouveaux matériaux et de nouveaux codes.
Quelques spectacles emblématiques :
- Les fondateurs (2009). Au Théâtre de l'Usine à Genève, trois personnes construisent une scénographie à l’aide de troncs, de branches et de cordes.
- Les fondateurs et le dragon magique (2012). Avec du papier journal et du scotch, six acteurs doivent fabriquer le décor d’une fête.
- Les fondateurs se marient (2013), une rencontre avec la 2b company de François Gremaud, toujours en improvisation.
- Les fondateurs font du théâtre (2013). La scénographie qui se construit à vue utilise ici des objets chargés de signification et d’histoire.
Gustave Flaubert
Son air bonhomme de joufflu-moustachu dissimule un caractère de feu. Fils d’un médecin renommé de Rouen, il est lui-même destiné à la médecine ou au droit. Heureusement, une plume lui pousse dans la main, avec laquelle il écrira parmi les joyaux les plus flamboyants de la littérature française.
Fasciné par la psyché, il développe un style entre romantisme et naturalisme qui instille l’émotion humaine dans le cœur du phénomène social.
Il meurt un matin en sortant du bain, d’une crise d’apoplexie alors qu’il avait ardemment travaillé à son nouveau roman Bouvard et Pécuchet. Il n’avait que 59 ans.
Ses œuvres majeures :
- Madame Bovary (1857) : inspiré par un fait divers lu dans le journal, Madame Bovary est le roman de la consécration littéraire mais aussi celui de la condamnation pour «outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs». L’héroïne incarne ce que réprouve la morale bourgeoise et religieuse : la liberté et le désir féminins. Flaubert consacrera presque cinq ans de sa vie à l’écriture de ce chef d’œuvre.
- Salammbô (1862) : après le procès Bovary, Flaubert brouille les pistes avec ce roman historique qui prend la guerre des Mercenaires qui opposa Carthage aux Barbares au IIIe siècle av. J-C. comme toile de fond. L’écrivain entreprend un voyage en Tunisie pour documenter son inspiration et inscrira son récit dans un Orient à l’exotisme sensuel et violent.
- L’Éducation sentimentale (1869). À 15 ans, Flaubert tombe éperdument amoureux de Elisa Schlésinger. De 11 ans son aînée, elle deviendra son égérie et inspirera notamment le personnage de Marie Arnoux dans L'Éducation sentimentale.
- Trois contes (1877). Un cœur simple, La Légende de Saint-Julien l'Hospitalier et Hérodias mettent respectivement le focus sur le goût de Flaubert pour la psychologie intime du personnage, l’Histoire et le surnaturel. Son enfance, l'Antiquité et le Moyen Âge fournissent les trois décors narratifs. L’écrivain étalera l’écriture de ce recueil sur une trentaine d’années.
- Bouvard et Pécuchet (1881). Ce roman inachevé publié à titre posthume décrit la rencontre de hasard puis l’expérience autodidacte de deux hommes qui explorent maladroitement tous les domaines du savoir : les sciences, l’archéologie, la politique, la gymnastique, la magie, la religion, la philosophie ou encore l’amour. N’ayant plus rien à explorer, ils retournent à leur métier de copistes. L’intention comique et ironique de Flaubert est très claire dans ce texte qui dénonce la prétention des hommes qui veulent tout savoir, mais n’arrivent à rien.