Helen et son mari Danny dînent lorsque débarque Liam, le frère d’Helen. Il est couvert de sang et prétend avoir secouru un jeune étranger, laissé pour mort sur le trottoir. Son récit révèle peu à peu une toute autre réalité. Ce thriller psychologique, amorcé comme une comédie, bascule dans la tragédie pour dénoncer le racisme ordinaire. Jusqu’où est-on prêt à aller pour sauver un frère ?
Chorégraphe et metteur en scène, Philippe Saire empoigne ce polar théâtral du britannique Dennis Kelly à bras-le-corps, créant par le mouvement un puissant contrepoint aux mots.
PHILIPPE SAIRE
Hormis le mouvement, Philippe Saire – figure majeure de la danse contemporaine en Suisse – se passionne pour les arts visuels, le théâtre et le cinéma ; des disciplines qu'il mêle volontiers à ses pièces chorégraphiques. Cherchant à sortir la danse des murs du théâtre, il se produit régulièrement avec sa compagnie dans des expositions, des galeries d’art, des jardins, des espaces urbains et autres lieux extérieurs à la scène. Par exemple, le projet Cartographies, conduit de 2002 à 2012, mêlait performances en ville de Lausanne et création vidéo, les 11 chorégraphies in situ ayant été filmées par 9 réalisateurs romands et projetées 300 fois dans les festivals de film de par le monde.
Série en cours, Dispositifs, regroupe des pièces courtes, proches des arts visuels :
- Black Out (2011). Le mouvement des danseurs dessine des formes dans une matière noire. Le public est placé en surplomb.
- Néons (2014). Un couple se meut dans un jeu de noir et de lumière.
-Vacuum (2015). Deux danseurs flottent littéralement entre deux tubes de néon placés horizontalement.
- Ether (2018). Un duo évolue entre des volutes de fumée dans un dispositif en point de fuite.
Spectacle accueilli par la Comédie de Genève en janvier 2020 :
Angels in America (2019). Pièce chorale de Tony Kushner (Prix Pullitzer 1993). Dans l’Amérique reaganiste des années 1980, le SIDA éclate dans les communautés homosexuelles. Les personnages se confrontent à la stigmatisation et à la politisation de l’intime.
DENNIS KELLY
L’auteur et scénariste se démarque du réalisme social en vogue dans le théâtre et le cinéma britannique pour flirter avec le mouvement « In-Yer-Face » né au Royaume-Uni dans les années 90. Qualifié de « néo-brutaliste », ce courant esthétique dont Sarah Kane est l’une des figures de proue, n’édulcore pas la cruauté des rapports humains. Dennis Kelly, aujourd’hui âgé de 52 ans, a écrit une dizaine de pièces de théâtre. Il conjugue son goût pour la provocation à celui de l’expérimentation stylistique pour composer des fictions contemporaines frontales, qui déclinent la question de la responsabilité individuelle et collective.
Quelques œuvres emblématiques :
- Love and Money (2006). Pièce fragmentaire composée de sept instantanés, comme autant de tranches de vie prises en étau entre la trivialité du quotidien et les grands tiraillements métaphysiques. Les situations concrètes vécues par les personnages permettent une forme d’identification crue et tendre à la fois.
- L’Abattage rituel de Gorge Mastromas (2013). Gorge a toujours été irréprochable moralement, jusqu'au jour où une opportunité professionnelle unique qui suppose de trahir son patron se présente à lui. Gorge force son destin en bafouant l’éthique pour goûter aux plaisirs du pouvoir et de l’argent. Un portrait du cynisme en marche à faire frémir, tant il démontre la sauvagerie du système néo-libéral.
- Utopia (2013-2014). Série conçue et écrite par Denis Kelly pour Channel 4. Ce thriller géopolitique se déploie dans un univers conspirationniste.
- Black Sea (2014). Écriture du scénario du film d’aventure réalisé par Kevin Mac Donald, avec Jude Law dans le rôle du Capitaine Robinson.
- Girls and Boys (2019). Ce monologue pour une femme débute comme une confidence légère. Elle raconte la rencontre avec celui qui deviendra son mari, sa carrière, la naissance de ses enfants, jusqu’à ce que, de manière inattendue, sa parole bascule brutalement, et nous avec, dans le drame.