Texte de Jean Racine
Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui n’aime qu’Hector, son époux mort sur le champ de bataille : telle est la trame passionnelle de la tragédie de Racine, une cascade d’amours impossibles chauffées à leur plus haut degré d’incandescence destructrice.
On en oublierait presque la toile de fond, celle de la guerre de Troie, dont Pyrrhus sort vainqueur et Andromaque captive. L’amour – fou – emporte des êtres déjà dévastés par la guerre et ses traumatismes.
Dans Andromaque, dit Stéphane Braunschweig, ce n’est pas l’amour, c’est la guerre qui rend fou. Cette guerre (de Troie) qui est la folie même et que l’amour pourrait panser – s’il n’était pas lui-même à l’image de la guerre.
« L’alexandrin, c’est pour nous non seulement une forme contraignante, nécessitant une technique particulière pour le dire et le jouer, mais aussi une manière de voir le monde. Une manière ultra concentrée et cadrée de devoir dire (et jouer) l’absolue nécessité de ces mots et de ce rythme. L’alexandrin maintient en vie des personnages qui déborderaient, « exploseraient » sans lui. Pour l’empoigner, un metteur en scène de renom, Stéphane Braunschweig, dont le travail n’a jamais été vu à Genève, qui sait manier avec précision cette matière hautement inflammable. Nous brûlons de découvrir avec vous « son » Andromaque ». NKDM
STÉPHANE BRAUNSCHWEIG
« Il a toujours été fasciné par la démonstration et le spectacle » aime de lui dire son père. Il enchantait d'ailleurs sa famille avec des tours de magie. Fils d’un avocat et d’une psychanalyste, l’enfant doué fait un parcours sans faute. Il étudie la philosophie à la prestigieuse École normale supérieure, puis intègre l’école du Théâtre National de Chaillot, dirigé par Antoine Vitez. Après plusieurs mises en scène remarquées, il assoit une notoriété internationale, alors qu’il dirige le Théâtre National de Strasbourg (TNS) avec la création de Docteur Faustus d’après Thomas Mann. Il enchaîne avec Amphitryon de Kleist qui le fait programmer pour la 1ère fois au Festival d’Avignon. Il monte les plus grands auteurs avec gourmandise : Eschyle, Sophocle, Shakespeare, Molière, Racine, Kleist, Wedekind, Brecht, Horvàth, Beckett, Tchekhov, Ibsen, Hanoch Levine. Son palmarès vertigineux affiche plus de 70 mises en scène de théâtre et d’opéra. Parallèlement au travail de plateau, il publie un recueil de textes sur le théâtre intitulé Petites portes, grands paysages ainsi que ses propres traductions de textes de Kleist, Büchner, Brecht, Shakespeare et Pirandello.
Il aime les œuvres complexes, sinueuses, opaques, estimant que « le théâtre doit peut-être rester opaque, dans ce monde opaque. Et la clarté de la mise en scène doit aider cette opacité. »
Quelques dates-clés :
1988 : fondation de sa compagnie Le Théâtre-Machine.
1991 : prix de la révélation théâtrale du Syndicat de la critique pour la trilogie Les Hommes de neige qu’il monte à Gennevilliers.
1993-1998 : direction du CDN d’Orléans.
2000-2008 : direction du TNS et de son école.
2005 : Prix Georges-Lerminier du Syndicat de la critique pour Brand.
2009 : Prix Georges-Lerminier du Syndicat de la critique pour Tartuffe.
2010-2015 : direction du Théâtre national de la Colline.
2020 : prix du meilleur créateur d’élément scénique du Syndicat de la critique pour Nous pour un moment.
2016-2023 : direction de L’Odéon-Théâtre de l’Europe. Il y met en scène des joyaux du répertoire notamment L’École des femmes de Molière, Nous pour un moment et Jour de joie d’Arne Lygre, Comme tu me veux de Pirandello. Il a également créé Britannicus de Racine pour la Comédie Française, Solness le constructeur d’Ibsen pour le Théâtre national d’Oslo et Oncle Vania de Tchekhov au Théâtre des Nations de Moscou.