Californie. 1975.
Lionel Baier
En 1975, alors que le colonel Franco, Joséphine Baker et Pier-Paolo Pasolini s’éteignent, Lionel Baier voit le jour à Lausanne, dans une famille suisse d’origine polonaise. Il suit des études de Lettres puis se lance dans la réalisation de films. Après deux documentaires, il passe à la fiction avec Garçon stupide, l’un des quatre films sélectionnés pour représenter le cinéma suisse au festival du film de Cannes en 2006, puis avec Comme des voleurs (à l’est) en compétition internationale au festival Tous Écrans 2006. Sa troisième fiction, Un autre homme, sort en 2009. Cette même année, il fonde la maison de production Bande à part Films avec les cinéastes Ursula Meier, Frédéric Mermoud et Jean-Stéphane Bron. De 2002 à 2020, il dirige le Département cinéma de l’ECAL (école cantonale d’art de Lausanne). Il est vice-président de la Cinémathèque suisse, et membre du conseil de fondation de la Manufacture à Lausanne. Parallèlement, il poursuit sa brillante carrière cinématographique.
Quelques âges-clés :
À 15 ans : il survole l’Atlantique pour la première fois, pour un séjour linguistique aux USA. Il perçoit dans l’immensité du ciel américain, qui se confond avec l’immensité des plaines, une sorte de… beauté psychédélique.
À 17 ans : il programme et cogère le Cinéma Rex à Aubonne.
À 19 ans : lors de ses études de lettres à l’université de Lausanne, il rencontre Michel Foucault. Sa première lecture du maestro, Surveiller punir, le marque durablement.
À 25 ans : il réalise son premier film Celui au pasteur (ma vision personnelle des choses), un documentaire sur son père, pasteur.
À 38 ans : il réalise Les Grandes Ondes (à l'ouest), un film sur la Révolution des Œillets.
À 40 ans : il signe La Vanité, une comédie sur le suicide assisté, plusieurs fois nominé aux Prix du cinéma suisse.
À 43 ans : il réalise Prénom : Mathieu, destiné à la télévision et présenté au Festival de Berlin 2018.
À 47 ans : il réalise La Dérive des continents (au sud) et signe sa première mise en scène de théâtre Foucault en Californie, d’après le livre de Simeon Wade.
Michel Foucault
Fils et petit-fils de médecin, celui que son père destinait lui aussi au serment d’Hippocrate détourne les attentes paternelles en pensant plutôt qu’en pansant. Agrégé de philosophie à 25 ans, il entame ensuite des études de psychologie.
Dès 1969, il magnétise les bancs du Collège de France où il crée des émules en Histoire des systèmes de pensée. Ses idées libertaires et sophistiquées essaiment rapidement dans une société alors en pleins remous idéologiques. Droit dans ses bottes et dans son col roulé, lunettes à écailles vissées sur le nez, il déconstruit les a priori sur le pouvoir, les institutions, les inégalités, l’homosexualité, la marginalité. Selon lui, certains groupes humains – les fous, les prisonniers, les étrangers, les soldats, les enfants – ont en commun d’être pris en charge par des structures fermées. Asiles, prisons, casernes, écoles sont ce qu’il qualifie des « institutions disciplinaires » inspirées d’un même modèle – le modèle monacal. Aujourd’hui rattaché au structuralisme et à la philosophie postmoderne, il est l’une des figures phares de la French Theory.
Parallèlement à son œuvre intellectuelle, il milite activement au sein de mouvements d’extrême gauche, tels que la Gauche prolétarienne, puis il fonde le Groupe d’information sur les prisons (GIP).
À la fin des années 70, il voyage beaucoup, notamment aux USA et au Japon, puis s’implique dans la révolution iranienne. Il est l'une des premières personnalités à mourir du sida en France, en 1984. Son compagnon, Daniel Defert, fonde l’association AIDES en son honneur. Michel Foucault aurait aujourd’hui 97 ans. Il s’est précocement éteint à l’âge de 57 ans. Son esprit continue pourtant d'attiser les débats les plus brûlants.
Quelques dates-clés :
1926 : naissance à Poitiers
De 1950 à 1953 : adhésion au Parti communiste, sur encouragement de son mentor d’alors, Louis Althusser
En 1961 : soutenance de sa thèse de doctorat L’Histoire de la folie à l’âge classique
1969 : premier succès littéraire avec L’Archéologie du savoir
1975 : publication de Surveiller et punir
1976 : publication de Histoire de la sexualité
2009 : Le Times Higher Guide le décrit comme « l’auteur en sciences humaines le plus cité au monde ».
Simeon Wade
Cet intellectuel américain né en 1940 sort docteur en Histoire de la prestigieuse faculté de Harvard. Dans les années 70, il enseigne au sein de plusieurs universités, dont le Claremont Graduate School, puis abandonne l’enseignement académique pour officier en tant qu’infirmier en psychiatrie à l’hôpital du comté de Los Angeles. Fervent admirateur de Michel Foucault, la légende dit que Wade aurait épinglé l’adresse parisienne de son idole au-dessus de son bureau « comme un moine médiéval aurait gravé sur le mur de sa cellule l’itinéraire menant à Rome ». Wade est rêveur certes, mais un rêveur déterminé à embarquer son philosophe fétiche dans une aventure bien réelle. Il souhaite « voir comment l'un des esprits les plus éminents de l'histoire réagirait à une expérience inédite pour lui : absorber une dose appropriée de LSD thérapeutique dans un cadre désertique extraordinaire ». Son compagnon de l’époque, Michael Stoneman, se joint au road-trip dans le désert.
Quelques dates-clés :
1978 : écriture de Foucault en Californie.
2017 : décès de Simeon Wade à l’âge de 77 ans.
2019 : publication de Foucault en Californie à l‘initiative de l’universitaire américaine Heather Dundas, alors que Simeon Wade vit alors quasiment reclus du monde.