Œuvre majeure créée par la danseuse et chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker en 1982, présentée depuis dans les lieux les plus prestigieux, bénéficiant d’un succès public et critique international jamais démenti en trente ans d’existence, Fase fait partie du panthéon de la danse contemporaine. Réinvention totale, pionnière et radicale du lien entre la musique et la danse, Fase a profondément bouleversé le paysage chorégraphique mondial. Deux danseuses en robes simples et tournoyantes – puis en pantalons et chemises – baskets et socquettes blanches. Une musique minimaliste, celle de Steve Reich. Quatre tableaux: Piano Phase, Come Out, Violin Phase, Clapping Music, composés de trois pas de deux et d’un solo. Les mouvements sont précis, épurés, géométriques: cercles giratoires, lignes droites, jetés des bras, des jambes, jeux de balanciers. La synchronicité des partenaires se décale imperceptiblement; la répétition entêtante se transforme en variations infimes, et la simplicité du geste en émotion d’une densité rare. Un moment de beauté absolue, unique, hypnotique.
Steve Reich (Piano Phase, 1967; Come Out, 1966; Violin Phase, 1967; Clapping Music, 1972)
Anne Teresa De Keersmaeker, née en 1960, a étudié à l’École Mudra de Bruxelles (créée par Maurice Béjart) et à la Tisch School of the Arts (New York University). Après le premier succès de Fase, elle fonde la compagnie Rosas en 1983. Elle est alors âgée de vingt-trois ans. S’ensuit une carrière magistrale, et des créations mondialement reconnues, au nombre desquelles on peut citer: Drumming (1998), Rain (2001) et plus récemment En Atendant (2010), Cesena (2011) et Partita 2 (2013, également présentée à La Bâtie).
Steve Reich, compositeur américain parmi les plus représentatifs du courant minimaliste aux États-Unis, est l’un des créateurs de la «musique de phases» (phasing): un motif répété en boucle et dédoublé, dont les lignes se décalent graduellement, avant de revenir progressivement à l’unisson. Reich a reçu de nombreuses récompenses, dont le Praemium Imperiale (2006), le prix Polar Music (2007) et le prix Pulitzer de musique (2009) pour son œuvre Double Sextet.