A l’aube de ses trente ans, Coline dit au revoir à la ferme, à son enfance, et à ceux qui l’ont habitée.
Entretien avec Coline Bardin
Pourriez-vous décrire le dispositif que vous avez élaboré pour votre solo ?
La ferme dans laquelle j’ai grandi vient d’être vendue. Il faut lui dire adieu.
Le dispositif est simple, pas de décor, seulement quelques objets qui m’évoquent des souvenirs. Le plateau est semblable à une boîte noire, une chambre de la mémoire, dans laquelle apparaissent des fantômes et des personnages du passé. Nous nous retrouvons ici, peut-être pour la dernière fois.
Pourquoi avez-vous choisi la forme du solo ?
Le solo a été créé dans le cadre de ma formation à la Manufacture. Je voulais rendre hommage à ceux qui habitent et font vivre un monde que je connais, le monde agricole. Henri Michaux disait « On n’est peut-être pas fait pour un seul moi. On a tort de s’y tenir. Préjugé de l’unité. » Il n’est pas un moi, ils sont tous en moi.
Même s’il y a plusieurs personnages, ils apparaissent et s’expriment à travers moi, c’est pourquoi le solo était la forme idéale.
Et même si je suis seule en scène, la création ne se fait jamais seule !
Le solo relève-t-il pour vous du monologue ? Du soliloque ? Ou est-ce au contraire une parole adressée à l’Autre, à un autre ou au plus grand nombre ?
Ce solo est avant tout un au revoir, et je crois qu’un adieu s’adresse toujours à quelqu’un ou à quelque chose.