«J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant et très désagréable. (…) Gloire aux réseaux sociaux : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve : je t’écris.»
Ça, c’est ce que Rebecca choisit de répondre à Oscar, qui n’aura rien trouvé de mieux que de balancer des horreurs à son sujet sur les réseaux sociaux. Faut dire que Rebecca, ce n’est pas le genre de nana qui va se laisser démonter par un pauvre hétéro patriarcal, frustré et polyaddict, qui répond à tous les clichés du mec resté bloqué dans les années 1980 ! D’ailleurs, il ferait mieux de se la jouer scred, lui qui vient juste d’être «meetooisé» par Zoé, son ancienne attachée de presse, victime d’un plan drague bien relou. Depuis, la jeune blogueuse est bien décidée à faire entendre la jeunesse féministe d’aujourd’hui.
Certes, l’échange avait plutôt mal démarré entre les deux artistes. Mais c’était sans compter sur un passé qui continuerait de les relier : Rebecca était la meilleure amie d’enfance de la soeur d’Oscar. Elle venait souvent chez lui. Elle et lui ont grandi dans un endroit «abandonné», «un endroit dont tout le monde se fout».
Voici donc venir le début d’un long échange par emails, entre une actrice star de cinquante ans (Rebecca), révoltée contre le jeunisme machiste cinématographique, et un écrivain à succès (Oscar) qui ne comprend pas la haine publique dont il fait l’objet pour «une simple main au cul» (sans déc ?!!! ), mais qui choisira tout de même de profiter du moment critique pour se remettre en question - mieux vaut tard que jamais ;-)
Dans ce roman épistolaire ultra-contemporain, #Me too, transfuge de classe, addiction aux drogues ou aux réseaux sociaux, harcèlement, réflexions existentielles… tout y passe. L’autrice féministe punk, Virginie Despentes, dresse le portrait à vif de personnages confrontés à leurs propres peurs, leurs angoisses, leurs colères. Et alors que chacun-e semblait camper sur ses positions, ses vieilles habitudes et ses préjugés, IL et ELLE baissent peu à peu les armes, dépassant les oppositions vraiment trop binaires, au bénéfice du dialogue, celui qu’il s’agit toujours de préserver, de renouveler, de réinventer, envers et contre tout.
Alors, depuis mi-janvier 2023, des collègiennes et collégiens ont tenté de se saisir de certains extraits choisis du roman de Virginie Despentes, et de les mettre en voix et en espace, hors du livre et hors les murs. Au total, c’est 23 jeunes gens, âgé.e.s de 15 à 16 ans, toutes et tous curieux.euses et investi.e.s, qui viennent ici «dire» un texte, un genre et un style littéraires, avec ses variations de tonalités, ses procédés d’écriture (d’énonciation, stylistiques, syntaxiques, de ponctuation…), mais aussi ses mises en jeu corporel et même : sa playlist !
Ce projet est proposé dans le cadre de VIVA, temps fort dédié aux adolescent·e·s.
Découvrez le programme complet.
