Philippe Macasdar et Carlo Brandt – qui ont tous deux été des proches collaborateurs de Benno Besson – se remémorent cet homme qu’ils ont aimé, cet artiste hors pair qui a laissé une empreinte indélébile sur l’histoire du théâtre européen.
Sur scène, des matériaux d’archives, des souvenirs personnels et des extraits de spectacles s’enchaînent et s’entremêlent, emportant le public d’Yverdon à Berlin, de Paris à Genève, de Molière à Brecht, de Heiner Müller à Coline Serreau, de Shakespeare à Gozzi.
Un hommage pour faire revivre les grandes heures de Besson, un spectacle qui rappelle que le théâtre peut vous marquer à jamais.
PHILIPPE MACASDAR
Philippe Macasdar voit le jour à Aix-en-Provence en 1959 mais vit dès 1968 à Genève, ville cosmopolite qui deviendra un fourmillant terrain d’investigation pour ce fervent universaliste. Formé au Conservatoire puis auprès d’André Steiger, il met en scène une quinzaine de spectacles avant de devenir conseiller artistique et dramaturge de la Comédie de Genève sous la direction de Benno Besson (1984-89), puis de Claude Stratz (1989-94). En 1986, il interprète le rôle du Commandeur dans Don Juan de Molière mis en scène par Benno Besson. Il est également dramaturge et collaborateur à la mise en scène pour Jean-Louis Hourdin (1989-93). Cette même année, Philippe Macasdar signe deux films : Benno Besson, l’Ami et Un théâtre au milieu des ruines, puis réalise des entretiens filmés de personnalités de la scène internationale.
Durant 25 ans, il sera directeur du Théâtre St-Gervais (1994-2018). Pionnier dans la programmation de spectacles venus des quatre coins du monde et la découverte d’artistes d’avant-garde, il se caractérise aussi par sa vision politique et l’accompagnement assidu de compagnies émergentes. Il met son activité de metteur en scène entre parenthèses pour se consacrer exclusivement à cette mission. En 2017, il fait une exception avec la création du texte d’Ahmed Belbachir No Body is God. Cette même année, Marielle Pinsard écrit pour lui le solo Manifestement. En 2019-20, il est invité à La Comédie de Genève pour un cycle de soirées performatives, Histoire(s) de Genève, enquête théâtralisée sur les paradoxes qui fondent la cité de Calvin.
CARLO BRANDT
Voilà quatre décennies que Carlo Brandt brûle les planches et crève l’écran, petit ou grand. Il souffle aussi dans des saxos et chante façon proto-rap avec le groupe Pavillon B, pique la toile de murmures poétiques, photographie le quotidien et se passionne pour les sciences. Tous les moyens d’expression sont investis par l’artiste né en terre genevoise, à l’hiver 54.
De père allemand et de mère italienne, il concentre jusque dans ses nom et prénom un contraste culturel qui écartèle et nourrit sa forte personnalité. Sensible et entier, il affirme sans rougir son amour des textes et « ne supporte pas cette manie de tordre les classiques pour les mettre au service de propos actuels ».
Dans les années 80, l’acteur travaille avec le metteur en scène Benno Besson et débute en 1992 une longue collaboration avec Alain Françon. Sous sa direction, il s’illustre dans les pièces de Edward Bond La Compagnie des hommes et Pièces de guerre, mais aussi dans La Mouette de Tchekhov, Édouard II de Christopher Marlowe ou encore King de Michel Vinaver. En 1997, il met en scène des textes de Check-up de Edward Bond, un auteur qui marque profondément son parcours.
Au cinéma, on a vu Carlo Brandt dans Indochine de Régis Wargnier, Ridicule de Patrice Leconte, Déjà mort de Olivier Dahan, Marie-Antoinette de Sofia Coppola, Liberté de Tony Gatlif. Il incarne le mystérieux homme en noir Méléagant dans la série humoristique Kaamelott.
BENNO BESSON
L’aura de ce monstre sacré illumine encore la Comédie de Genève qu’il a dirigée de 1982 à 1989. En 1948, il rencontre Bertolt Brecht qu’il rejoint à Berlin-Est où le dramaturge allemand vient de fonder le Berliner Ensemble. Besson accompagne Brecht jusqu'à sa disparition en 1956. Sa mise en scène du Dragon d'Evgeni Schwarz reste plus de dix ans à l'affiche. De 1969 à 1977, il dirige la Volksbühne. Bien que résidant à Berlin-Est, il crée des spectacles en Autriche, en Allemagne de l'Ouest, en Suisse, en Italie, en Bulgarie.
Bâtisseur d’un théâtre social et satirique, il inscrit ses fables critiques dans des scénographies qui font référence à l’imaginaire de l’enfance. Pour lui, « le monde est comme mis en jeu » grâce à la magie du théâtre.
Le prestigieux Anneau Hans Reinhart lui est décerné en 1985. Il a également obtenu le Molière du meilleur spectacle en 1994 pour Quisaitout et Grobêta de Coline Serreau.
Depuis 1998, le théâtre d'Yverdon-les-Bains où il est né en 1922 porte son nom. En France, Benno Besson a été fait Chevalier de la Légion d'Honneur en mai 2002. Il décède en 2006 à Berlin à l’âge de 83 ans.
Des livres autour du spectacle
(en vente à notre coin librairie)
– Le Dragon, Du théâtre comme affaire d'Etat, Un thriller autour de Benno Besson