Dans le cadre du Focus S'élancer, dédié aux jeunes talents
Amélie Vidon et Alenka Chenuz aiment à se frotter aux tabous. Après Y a pas de mal, leur premier spectacle consacré à la masturbation, elles abordent à deux, par le biais de l’humour clownesque qui les caractérise, la question de l’échec.
Est-il toujours formateur, cet échec que l’on nous vante comme étape obligée de la réussite ?
Ça tombera pas plus bas entremêle des récits de foirades petites ou grandes, et nous communique le frisson de l’échec qui pourrait être le leur, celui de la représentation elle-même, si celle-ci venait à déraper sur les peaux de banane de leur spectacle.
« Nous avions ri, et pas que, en découvrant leur premier spectacle. En duo, elles écoutent et retranscrivent avec exactitude les paroles qu’elles recueillent (dans la lignée de la Cie Kokodyniack, qui créait Mon petit pays en 2021 à la Comédie). Puis s’en inspirent pour bâtir un monde lyrico-clownesque (oui, elles chantent !) fragile et très drôle. Nous attendons avec impatience cette version bien à elles de nos ratages abyssaux ou plus modestement immenses. » NKDM
Alenka Chenuz et Amélie Vidon / Cie Alors voilà
Les deux jeunes femmes se rencontrent à l’École supérieure de théâtre des Teintureries à Lausanne. Très inspirées par un stage sur le verbatim de la Cie Kokodyniack, elles imaginent un premier spectacle pendant leur formation sur le thème de la masturbation, malicieusement intitulé Y a pas de mal. Présenté sous forme de maquette dans le cadre du festival C’est déjà demain au Loup à Genève, ce premier émoi théâtral les embarque pour une série inattendue de représentations.
Associant des témoignages documentaires à de fantaisistes dérapages, le duo féminin cherche une forme de connivence avec le public par le naturalisme et la fraîcheur avec lesquels elles restituent la parole qui leur a été confiée. La matière qu’elles portent en scène vient des gens et retourne vers le public, une fois transformée par le prisme du plateau. Tout est histoire de rencontre. Alors, Alenka et Amélie adaptent joyeusement leur partition selon les réactions de la salle, comme si elles dialoguaient spontanément avec les spectateurs. Joueuses, elles n’hésitent pas à étirer un peu trop un regard ou un silence, à abuser de la répétition, à exagérer leur physicalité jusqu’au clownesque, à accélérer le rythme de la parole, à digresser. Ces micros vertiges comiques amènent le public à renouveler en permanence son regard sur la représentation en train de se faire. Une compagnie qui tient tous les sens en éveil.
2020 : fondation de la compagnie Alors voilà.
2021 : reprise en format spectacle de Y a pas de mal au festival de La Bâtie, Genève puis en tournée romande jusqu’en avril 2023.