Journal

Écouter les oiseaux

30 nov - 02 déc 2023 | Grande salle | Durée : 3h45 (2 entractes inclus)

Ils nous ont oubliés

SÉVERINE CHAVRIER

Théâtre | Accueil | France

D’après La Plâtrière de Thomas Bernhard

Une forêt habitée de vrais oiseaux et de chamois empaillés, avec de faux arbres et de la neige éblouissante, des bruits de la nature et des percussions live.

C’est là qu’en cette nuit de Noël, des rôdeurs découvrent le corps d’une femme.

Qui a tué Mme Konrad ? Flash-back dans l’enfer conjugal que vivait un couple cloîtré entre les murs de la Plâtrière, ancienne fabrique de chaux perdue dans un no man’s land.

Entre thriller domestique et farce givrée, Ils nous ont oubliés est un biotope singulier à la croisée du théâtre, de la musique et de la vidéo – une symphonie théâtrale, plastique et sonore créée par Séverine Chavrier, nouvelle directrice de la Comédie de Genève.

« Un langage, un regard, une manière personnelle de raconter. Tout au long de cette plongée au long cours dans ce monde étrange, menacé/menaçant, où la nature (celle du dehors, celle de l’humain) se rappelle sans cesse à nous. Tout nous parvient avec force et évidence, et nous sommes pourtant bien loin du réalisme. Bien avant que Séverine Chavrier ne soit nommée, il nous est apparu évident que ce spectacle, mené comme une enquête (sur nos troubles), serait dans la "bibliothèque" Comédie.» NKDM

 

SÉVERINE CHAVRIER

La metteuse en scène, comédienne, musicienne, Séverine Chavrier dirige depuis le 1er juillet 2023 la Comédie de Genève. Ancienne directrice du Centre Dramatique National d’Orléans, Séverine Chavrier connaît bien Genève pour y avoir étudié la musique et grandi en France voisine (Grand Genève). Pour la Comédie de Genève, elle propose un projet et un langage nouveau à partir du socle existant, prenant aussi appui sur la région, les institutions et les artistes suisses. Parmi les grandes orientations de son projet : la promotion des femmes sur le grand plateau, l’apport de diverses formes artistiques (musique, cinéma, danse, nouveau cirque), l’inclusion, l’insertion professionnelle des jeunes et la transition écologique artistique.

Formée au Conservatoire de Musique de Genève, l'artiste conçoit ses spectacles à partir de matériaux hétéroclites dans lesquels la musique qu’elle continue à jouer dans ses spectacles ou avec des improvisateurs de renom, ainsi que le cirque contemporain occupent une place prépondérante.

Après Nous sommes repus mais pas repentis, pièce présentée à l'Odéon-Théâtre de l’Europe en 2016, Séverine Chavrier aborde un autre Thomas Bernhard, encore assez proche de son passé de chroniqueur judiciaire. Avec un humour dévastateur, le maître de l’exagération déploie dans La Plâtrière quelques-unes de ses obsessions majeures.
 
Quelques dates-clés :                                                  

2009 : création d’Épousailles et représailles d’après Hanokh Levin au théâtre Nanterre-Amandiers, puis reprise au Centquatre-Paris.
2011 : artiste associée au Centquatre-Paris. Elle y crée Série B, inspiré de J-G. Ballard.
2012 : mise en scène de Plage ultime au Festival d’Avignon.
2014 et 2016 : mise en scène de Les Palmiers sauvages, d’après William Faulkner, et Nous sommes repus mais pas repentis (déjeuner chez Wittgenstein) de Thomas Bernhard.
2015 : création de deux volets Après coups, Projet Un-Femme, projet qui réunit cinq femmes issues du cirque et de la danse, au CDN d’Orléans puis présenté au Festival TNB à Rennes.
2020 : à l’invitation du Festival Santiago a Mil, elle met en scène une version en espagnol des Palmiers sauvages, Las Palmeras Salvajes. La même année, sa création autour de l’adolescence et de la musique, Aria da capo, est créée au Théâtre National de Strasbourg en partenariat avec le Festival Musica.
2021 : direction artistique de AFTER ALL, spectacle de fin d'études de la 33ème promotion du Centre national des arts du cirque/CNAC.

Thomas Bernhard

L’Autriche a engendré quelques monstres sacrés de la littérature, parmi lesquels Thomas Bernhard figure en tête de liste. L’écrivain entretient avec sa patrie honnie-chérie ce légendaire rapport d’amour-haine qui aiguise sa plume. C’est aux Pays-Bas qu’il voit le jour en 1931 dans une maternité religieuse pour filles perdues. Son père fuit en Allemagne en abandonnant mère et enfant. Premier mauvais tour du sort, Thomas ressemble beaucoup à ce père qui ne le (re)connaîtra jamais. De retour en Autriche, sa mère se marie avec un garçon coiffeur et donne naissance à deux autres enfants. Partiellement éduqué par son grand-père, Thomas est placé à 12 ans dans un internat dirigé jusqu’à la fin de la guerre par les nazis, puis repris par des catholiques ; une double violence qui marquera son adolescence. Il commet alors sa deuxième tentative de suicide, après celle de la petite enfance. Le sort s’acharne : la pleurésie qui le ronge dégénère en tuberculose pulmonaire. Le voilà, à tout juste 18 ans, ballotté de sanatorium en sanatorium. Immobilisé par les hospitalisations, il commence à écrire. Le vent tourne : il décroche une bourse de l’académie de musique de Vienne puis entre au Mozarteum de Salzbourg. À 26 ans, il est diplômé en musique, jeu et mise en scène. Parallèlement, il rédige des chroniques puis publie ses premiers poèmes. L’impitoyable univers de Thomas Bernhard naît. Assauts misanthropiques, répétitions obsessionnelles, humour hargneux, charges cruelles contre ses contemporains : l’auteur-sniper attaque l’hypocrisie feutrée de la société autrichienne sans craindre le scandale.

À l’œuvre romanesque de Thomas Bernhard s’ajoute l’œuvre dramatique. Sa première grande pièce, Une fête pour Boris, est créée à Hambourg en 1970. On retrouve dans son théâtre les longues phrases répétitives et les envolées monologiques que livrent ses personnages haineux. Enfermé dans sa solitude existentielle, l’homme semble pris en étau entre la terreur et l’envie d’éclater de rire. Parmi ses pièces, citons L’Ignorant et le fou, Avant la retraite, Le Réformateur, Place des Héros ou encore Déjeuner chez Wittgenstein qui remporte un vif succès populaire. La majorité de ses textes sont montés par Claus Peymann et joués par Bernhard Minetti, acteur qui donnera son nom à l’une des pièces de l’auteur, créée en 1976.

Quelques dates-clés :

1950 : rencontre avec Hedwig Stavianicek au sanatorium. De 35 ans son aînée, elle devient sa compagne, sa critique, son soutien moral et financier. Ils partagent la même tombe.
1962 : parution de son premier roman Gel, qui remporte plusieurs prix.
1967 : parution de Perturbation, récit de voyage d’un médecin de campagne dans les pathologies des citoyens de Haute-Autriche.
1968 : « Nous Autrichiens sommes apathiques ; nous sommes la vie en tant que désintérêt général pour la vie » phrase assassine de l’écrivain, lancée avec provocation lors de la remise du Prix autrichien pour la littérature. Outrés, plusieurs ministres et responsables politiques quittent la salle.
1978 : opéré des poumons 11 ans plus tôt, il apprend que son état est incurable.
1982 : parution de deux romans essentiels : Béton et Le Neveu de Wittgenstein.
1986 : parution d’Extinction, critique acerbe de sa famille et de son pays.
1989 : décès des suites de sa maladie pulmonaire. Son testament stipule que rien de son travail ne doit être représenté ni publié en Autriche durant le délai légal.

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Âge conseillé : dès 16 ans
Durée : 3h45 (deux entractes compris)

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Infos pratiques

Lieu Grande salle

Durée 3h45 (2 entractes inclus)

Langue français

Âge conseillé 14+

Tarifs

Plein tarif CHF 40.-
Abonné·es d'autres théâtres, Personne accompagnant un ou une jeune de moins de 20 ans CHF 32.-
AVS, AI, Chômage, abonné-es Grand Théâtre de Genève CHF 25.-
Corps étudiant ou apprenti,
Jeune de moins de 26 ans CHF 12.-
Groupements des aînés, 20ans20francs CHF 10.-

Le paiement par chéquier culture est accepté à nos guichets.

Profitez des tarifs plus avantageux de l'abonnement Je sors ! et de l'Abo jeune.

PONT DES ARTS

Bord plateau le samedi 2 décembre, après la représentation.

Avec Aurélia Arto/Adèle Joulin, Laurent Papot, Marijke Pinoy
et Florian Satche (musicien)  

D’après La Plâtrière de Thomas Bernhard
Traduction Louise Servicen
Mise en scène et création son Séverine Chavrier
Scénographie et accessoires Louise Sari
Accessoires Rodolphe Noret
Lumière Germain Fourvel
Son Simon d’Anselme de Puisaye
Vidéo Quentin Vigier
Costumes Andrea Matweber  
Éducation des oiseaux Tristan Plot
Intervention IRCAM Augustin Muller
Conception de la forêt Hervé Mayon - La Licorne Verte
Assistanat à la mise en scène Ferdinand Flame
Assistanat à la scénographie Amandine Riffaud
Réalisation décor Julien Fleureau, Olivier Berthel
Régie vidéo Typhaine Steiner
Régie générale et plateau Corto Tremorin


Remerciements Rachel de Dardel, Marie Fortuit, Pascal Frey, Antoine Girard, Romuald Liteau Lego, Marion Stenton
 

Production à la création CDN Orléans - Centre-Val de Loire
Coproduction Théâtre de Liège - Tax Shelter, Théâtre National de Strasbourg, ThéâtredelaCité - CDN Toulouse Occitanie, Tandem Scène nationale Arras-Douai, Teatre Nacional de Catalunya
Avec l’aide exceptionnelle de la Région Centre - Val de Loire
Soutiens Odéon-Théâtre de l’Europe, JTN - Jeune Théâtre National - Paris, ENSATT - École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre - Lyon, Ircam Institut de recherche et coordination acoustique-musique
Avec la participation du DICRéAM
 
La Plâtrière de Thomas Bernhard dans la traduction de Louise Servicen est publié aux Éditions Gallimard.
Thomas Bernhard est représenté par L’Arche, Agence théâtrale www.arche-editeur.com

 

"Séverine Chavrier : la scène, la musique et le son dans Ils nous ont oubliés", Musique Matin, avril 2022, France Musique

"Séverine Chavrier : Sur le plateau, j'ai besoin que tout soit joué et joueur, Par les temps qui courent, avril 2022, France Culture

"Un huis clos étouffant et superbe." Les Échos
 
"Séverine Chavrier impose son style, nourri d’improvisations et d’ajouts. [...] on n’échappe pas à « sa » Plâtrière, traversée de scènes fracassantes de beauté et d’expressivité." Le Monde
 
"Une pièce glaçante où le son est au cœur d’un dispositif scénique à la radicalité réjouissante." Les Inrockuptibles
 
"Ce que j’aime dans l’immobilisme bernardien, c’est son acuité, son humour désespéré, son fol amour de l’art, sa vie avec la musique, la violence verbale des rapports et cette question de l’impossible grande œuvre à écrire (...)." Séverine Chavrier Transfuge Magazine
 
"Séverine Chavrier dirige d'une main de maître Laurent Papot, Marijke Pinoy et Camille Voglaire qui donnent respectivement à Konrad, sa femme et leur aide-soignante une intensité et une profondeur envoûtantes." Sceneweb
 
"Une effrayante fantasmagorie parfaitement orchestrée par Séverine Chavrier." Diacritik
 
"À la croisée du théâtre, des arts musicaux et sonores, des arts plastiques et de la vidéo, Séverine Chavrier créé une imposante symphonie théâtrale. Et s'affirme comme une véritable écrivaine de scène." La Terrasse
 
"Une dégringolade tonitruante vers la folie et le meurtre, servie par une mise en scène ultrasensorielle et des comédiens généreux." L’œil d’Olivier
 
"Une épopée du son et de l’image qui marquera, par sa puissance, l’histoire du théâtre français." Artistikrezo

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