Avec la troupe de la Comédie-Française
La Comédie de Genève célèbre l'année Molière – 400ème anniversaire de sa naissance – avec la troupe de la Comédie-Française dans la version originelle et inédite, du Tartuffe ou l’Hypocrite. Des acteurs et des actrices simplement habités, habités par cette langue, la langue de Molière, habités par l’intensité, la rage, par la fougue et la sensualité de cette pièce dont le propos – le berger introduisant le loup dans la bergerie – résonne à chaque période de l’Histoire. Le Flamand Ivo van Hove donne une texture sombre et grandiose à cette machination dans laquelle Tartuffe, mendiant pieux dont le piètre Orgon a fait son directeur de conscience, apparaît comme un homme à la séduction fatale et irrésistible.
« Nous avions longuement rencontré Éric Ruf, administrateur de la Comédie-Française, lorsque nous imaginions « notre » Comédie. Et aujourd’hui nous accueillons enfin ses actrices et ses acteurs, avec cette pièce jouée une première fois en 1664, puis interdite, puis modifiée, puis rejouée, puis triomphante. Dans une version vénéneuse et trouble, portée par un jeu puissant, chacun et chacune défend ses positions avec un feu qui rappelle les récents débats autour d’une certaine maladie, qui ont parfois divisé les familles. La première scène a la beauté tragique d’une scène biblique de peinture flamande. » NKDM
IVO VAN HOVE
Depuis quarante ans de carrière, l’artiste belge de 63 ans fascine le public avec plus de cent mises en scène de théâtre et d’opéras.
En 1980, Ivo van Hove fait la rencontre déterminante de Jan Versweyveld qui devient son complice artistique et scénographe. Les options visuelles fortes des spectacles de Ivo van Hove témoignent du lien essentiel entre construction dramaturgique et espace.
En quête de paroles puissantes propres à ébranler nos questionnements existentiels à travers le temps, il adapte Duras, Koltès, Gorki, Wedekind, O'Neill, Sophocle, Camus, Cassavetes, Ayn Rand, Molière, inscrivant ses réalisations scéniques dans notre monde actuel. Ainsi, lorsqu’il monte Les Tragédies romaines de Shakespeare, il interroge les politiciens du passé pour questionner notre définition moderne de la démocratie. Et lorsqu’il s’attaque à la saga des Atrides – six pièces d’Eschyle et une d’Euripide – dans Age of Rage, la tragédie annonce sans ménagement la violence du présent ; une brutalité exacerbée jusqu’à la transe pour exposer les mécanismes implacables de la vengeance.
Adepte d’un jeu guidé par les pulsions et les impulsions, il aime confronter les acteurs et les actrices à des faits réels. Ce jeu à vif flirte parfois avec la performance par son ancrage dans la réalité du présent et ses imprévus.
Il dirige le Toneelgroep Amsterdam devenu l'Internationaal Theater Amsterdam depuis 2001.