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Crier dans la pluie l’absence et les vides

30 août - 07 sept 2019 | Grande salle | Durée : 1h15

Perdre son sac (version 2019)

Pascal Rambert / Denis Maillefer

Prod. Comédie

En partenariat avec La Bâtie - Festival de Genève
 

Dans la rue, une jeune femme, momentanément laveuse de vitrines, s’adresse aux passants pour dire sa solitude, sa colère, la perte de son amoureuse, son incompréhension face à un monde que certains estiment divisé entre « les gens qui réussissent » et « les gens qui ne sont rien ». Un texte écrit « sur mesure » pour la comédienne Lola Giouse. L’auteur, Pascal Rambert, est un écrivain français d’aujourd’hui, qui compose des textes réellement sculptés par et pour le souffle des actrices et des acteurs qui les portent.


« Perdre son sac est une confession en chute libre, où l’innocence d’une obsession se dissout dans le karcher d’une guerre des castes larvée.» Le Temps
 

« De sac, il est également question dans la création de Denis Maillefer dont la première a eu lieu vendredi à la Comédie – toujours au programme de La Bâtie. Ou plutôt de le vider, ce que fait spectaculairement la comédienne Lola Giouse dans ce Perdre son sac écrit spécialement pour elle par le Français Pascal Rambert (...) » La Tribune de Genève
 

« Nous aimons l’écriture de Pascal Rambert. Son flot (« flow ») de mots bruts et si organisés. Sa langue française classique et d’aujourd’hui. Sa voix unique dans le théâtre francophone, cousine/fille de Racine et de Koltès. Ici, nous sommes touchés par la poésie politique qui dit la f(r)acture et la douleur de celles et ceux qui se sentent exclus de la grande course à la réussite sociale et économique de nos sociétés capitalistes. Plus intimement, Perdre son sac est une mise en vitrine d’un énorme cri d’amour dans le vide.  » NKDM

Pascal Rambert

Pascal Rambert explore toutes les formes : à la fois auteur, metteur en scène, réalisateur et chorégraphe, il reçoit le Prix du Théâtre de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre en 2016. En tant qu'auteur, il s'aventure dans la langue comme on plonge dans une vague ample et tendue, offrant la parole aux personnages en marge. Comme metteur en scène, il donne corps aux mots que ses acteurs, véritablement, incarnent. Il aborde la danse et alterne pièces intimistes et productions chorales.

Quelques spectacles emblématiques :
Libido Sciendi (2008), une pièce chorégraphique.
Clôture de l’amour (2011), créé au Festival d’Avignon avec le duo d'acteurs Stanislas Nordey/Audrey Bonnet et suivi d’une tournée internationale.
Architecture (2019), créé au Festival d'Avignon, avec, entre autres, Emmanuelle Béart, Marina Hands, Audrey Bonnet, Stanislas Nordey et Jacques Weber.

Denis Maillefer

Metteur en scène suisse, pédagogue et actuellement codirecteur de la Comédie de Genève, Denis Maillefer débute en 1987 avec Fool for love de Sam Shepard à la « Dolce Vita », salle de concert mythique de Lausanne. Depuis, il a mis en scène une trentaine de spectacles de théâtre, mais aussi d’opéras. Il privilégie un théâtre de l’intime, avec un penchant pour la biographie scénarisée, la fausse biographie, une sorte d’autofiction trafiquée. Ce qui ne l’empêche pas de monter aussi des textes dramatiques.

Quelques spectacles emblématiques :
Je vous ai apporté un disque (2004), une performance qui a tourné dans toute la Suisse et a voyagé jusqu’à Moscou.
In love with Federer (2013). Denis Maillefer écrit, réalise et joue, avec Bastien Semenzato, son amour pour le joueur de tennis suisse.
Mourir, dormir, rêver peut-être (2017), théâtre documentaire sur le travail des employés des pompes funèbres, repris à la Comédie de Genève la saison passée.
Perdre son sac (2019). Une "confession en chute libre" d'une laveuse de vitrines livrée à elle-même, d'après un texte de Pascal Rambert écrit sur mesure pour la comédienne Lola Giouse.

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Dossier pédagogique - Perdre son sac / nos parents
La fracture sociale / âge conseillé : dès 15 ans / durée : 1h env.


Quoi ?

Dans Perdre son sac, une jeune femme parle. Une femme dans la rue, qui s’adresse aux autres, ceux qui passent. Comme ces personnes que l’on entend crier dans les rues, les « fous », les inadaptés du monde.

Depuis le côté de ceux qui n’ont pas, qui sont muets. De ceux dont on lit la vie dans les journaux, mais que l’on ne connaît pas. Elle dit le besoin d’être ensemble, le besoin d’être entendue, d’être vue, le besoin de ne pas être invisible, le besoin de dire.

Être vue : ce n’est pas pour rien que les gilets jaunes ont un gilet jaune. Ils sont ceux, justement, comme notre « héroïne », que l’on ne voit pas. Dont la vie n’existe pas. Ils sont le côté obscur du monde. Et Perdre son sac peut aussi renvoyer à cette réalité-là. Perdre son sac raconte la blessure, et même la f(r)acture ; sociale, culturelle, économique, de genre, et sexuelle. La fracture entre les « eux » et les « nous ». Tout le monde peut être un « eux » ou un « nous ». Cela raconte la minorité, les minorités. Bizarrement, aussi, dans ce flot de paroles, on peut aussi entendre la difficulté/impossibilité de dire, de se faire entendre/comprendre.

 

Pourquoi ?

Ce qui intéresse Denis Maillefer, aussi, c’est de faire entendre/sonner la langue, la belle langue française. Une langue qui vient de Racine, qui est aussi passée par Koltès.

Perdre son sac peut d’ailleurs se voir comme un écho féminin, de La nuit juste avant les forêts, de Koltès justement. Un théâtre si physique de paroles, où la parole est physique, justement. Sculptée, travaillée, ininterrompue, comme une rivière tantôt calme tantôt agitée de rapides. Une langue à la fois brute, parfois triviale, et aussi jamais réaliste. Et cette langue raconte aussi cette fracture-là, culturelle. Ceux qui « ont » la langue, et ceux qui ne l’ont pas, ceux qui « ont » la culture et ceux qui ne l’ont pas. Cette langue, comme souvent avec Rambert, est une matière de jeu qui offre des possibles et des territoires concrets et vraiment poétiques pour l’actrice. C’est « écrit pour les acteurs », comme on dit. D’autant plus que Perdre son sac a été écrit pour Lola Giouse, et que cela s’entend. Cette langue donne vraiment l’impression que c’est la sienne.

 

Comment ça se passe ?

Un théâtre « classique », qui montre une individue s’adressant aux autres, au public. Comme une agora ritualisée, comme un théâtre antique, sensuel et citoyen. Avec un mélange politique/poétique où les idées sont d’abord le résultat d’une histoire unique et intime, celle de cette femme qui n’a pas de nom, anonyme, justement, que l’on entend crier dans la rue mais dont on pourrait ne rien savoir, mais dont on entend ici la blessure, le passé, et le manque infini d’amour, le manque infini de sa grand-mère, son amour originel.

L’actrice sera en vitrine. Elle est laveuse de vitres, et on la découvre derrière une vitre. On ne sait pas si elle est dedans ou dehors, mais elle est séparée de nous. Elle n’est pas dans notre monde, ou l’inverse. Sa parole nous parvient amplifiée, dans tous les sens du terme.

 

Avec: Lola Giouse

 

Thématiques: la fracture sociale, culturelle, économique, de genre et sexuelle, les gilets jaunes, la marge, l’autre, le monologue

 

Activités pédagogiques: préparation dans votre classe à la sortie théâtre (quelques jours avant votre venue ou le soir-même 30 min. avant le début du spectacle), rencontre avec l’équipe artistique et discussion à la suite du spectacle (30 min.)

Pour les personnes aveugles ou malvoyantes, des visites tactiles du plateau sont prévues les mercredi 4 et vendredi 6 sept 2019, 1 heure avant le début des représentations. En partenariat avec l'association Dire Pour Voir. 

> Inscriptions à l'adresse : info@direpourvoir.ch
 

Infos pratiques

Durée: 1h15
Tarifs : CHF 40.- à CHF 10.-
Âge conseillé : 14 +


En + :
Fête de première : vendredi 30 août dès 21h avec DJ SoundStoryTeller
– Mises en bouche : les vendredis et samedis, 30 min avant le début du spectacle
– Bord plateau : jeu 5 sept, après la représentation
– Samedi à tout prix : 31 août 21h
En vente uniquement au guichet le jour même dès 12h. Placement libre dans la salle.

Avec : Lola Giouse

Collaboration artistique : Cédric Leproust 

Lumière : Laurent Junod 

Scénographie : Les Ateliers du Colonel – Laurent Junod et Marie Bürgisser-Jaquier. La scénographie est inspirée par l'exposition Demain comme hier de Gina Proenza et Anaïs Wenger – Point Chaud, Lausanne

Son : Philippe de Rham 

Régisseur général : Frederico Ramos Lopes 

Coaching corps : Géraldine Chollet 

Coaching et chorégraphie claquettes : József Trefeli

Costume : Anna Van Brée 

Production : Comédie de Genève 

En partenariat avec : La Bâtie - Festival de Genève


https://www.batie.ch/

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