La Ribot, Mathilde Monnier et Tiago Rodrigues, un triumvirat de la scène contemporaine qui entre en collision pour un big bang mêlant danse, théâtre et performance.
Du but en blanc, sans faux semblant, le trio s’adresse aux générations futures avec fantaisie et inquiétude : comment continuer dans un monde en train de basculer ? Les textes du metteur en scène et dramaturge Tiago Rodrigues exaltent la singularité de La Ribot et Mathilde Monnier, les presque sœurs jumelles de plateaux. Serpentines et longilignes, elles figurent tantôt le fou, le marginal, le bureaucrate, un cafard qui danse aussi, une adolescente, une femme dans les cendres d’Hiroshima, une mère et sa fille et tant d’autres surprenantes incarnations.
MARIA LA RIBOT
Portée par le vent de libération de l’Espagne dans les années 80, la pratique de la chorégraphe hispano-suisse a profondément modifié le champ de la danse contemporaine. Si la danse est pour elle le point de départ d’expérimentations multiples ancrées dans les langages du corps, elle emprunte aussi librement aux vocabulaires du théâtre, des arts visuels, de la performance et du cinéma, mettant l'accent sur les points de friction entre ces disciplines.
Son travail chorégraphique a été présenté partout dans le monde et, entre autres, à la Tate Modern (Londres), au Théâtre de la Ville de Paris, au Centre Pompidou et au Festival d’Automne à Paris, ainsi qu'au Musée Reina Sofia (Madrid). Son travail visuel fait partie des collections des grands musées internationaux.
Quelques spectacles emblématiques :
– Cycle des Pièces distinguées (dès 1993), un travail de long cours qui vise, à terme, la création de cent pièces d'une durée maximum de sept minutes, parfois vendues comme des œuvres d'art à des « propriétaires distingués » qui achètent l'« instant de la danse ».
– Carnation, Más distinguidas, Mariachi 17, El Triunfo de La Libertad et une exposition d’œuvres vidéo sont présentés au Théâtre Vidy-Lausanne en 2015-2016 dans le cadre d’un cycle consacré à l’artiste.
– Occuuppatiooon! Berlin (2017), une rétrospective sur son travail de chorégraphe et d’artiste au festival Tanz im August.
– Happy Island (2018), une pièce chorégraphique conçue pour cinq danseurs en situation de handicap.
La Ribot a reçu un Lion d’Or pour sa carrière à la Biennale 2020 de la danse.
MATHILDE MONNIER
Mathilde Monnier, qui occupe une place de référence dans le paysage de la danse contemporaine française et internationale, déjoue de pièce en pièce les attentes en présentant un travail en constant renouvellement.
Elle collabore régulièrement avec des personnalités venant de divers champs artistiques et intellectuels tels que le philosophe Jean-Luc Nancy, l'auteur-compositeur Philippe Katerine, la romancière Christine Angot, la chorégraphe La Ribot ou le compositeur et metteur en scène Heiner Goebbels.
Elle dirige depuis 2014 le Centre national de la danse à Pantin.
Quelques créations emblématiques :
– La place du singe (2005), un duo avec Christine Angot dans lequel chacune prend la parole, tantôt par la danse, tantôt par le texte.
– Gustavia (2008), une rencontre entre Mathilde Monnier et La Ribot, deux figures phares de la danse contemporaine dans un cabaret burlesque, afin de dénoncer les rôles stéréotypés assignés aux femmes, dans l'art comme dans la vie.
– Qu’est-ce qui nous arrive ?!? (2013), une fiction dansée qui raconte les liens de la bande dessinée et du corps.
– El baile (2017). Reprise d'un spectacle emblématique des années 80 retraçant une histoire populaire de la France depuis la Libération, ce bal se réinvente dans le Buenos Aires de la fin du XXe siècle à nos jours.
TIAGO RODRIGUES
Né à Lisbonne, Tiago Rodrigues est acteur, dramaturge, metteur en scène, producteur et directeur artistique du Teatro Nacional D. Maria II à Lisbonne. Depuis ses débuts en tant qu’auteur, à l’âge de 20 ans, il a toujours envisagé le théâtre comme une assemblée humaine : un endroit où les gens se rencontrent, comme au café, pour y confronter leurs idées et partager leur temps. Qu’il combine des histoires réelles à de la fiction, qu’il revisite des classiques ou adapte des romans, son théâtre est profondément habité par la volonté d’écrire avec et pour les acteurs. En véritable alchimiste, il façonne dans ses mises en scène la réalité pour en extraire la poésie grâce aux outils du théâtre. Tiago Rodrigues a été nommé directeur du prochain Festival d'Avignon. Il présente deux autres spectacles en tant que metteur en scène cette Saison à la Comédie : La Cerisaie de Tchekhov et Dans la mesure de l'impossible.
Quelques spectacles emblématiques :
– By Heart (2014). Tiago Rodrigues invite des hommes et des femmes du public à éprouver, à partager, le temps de la représentation, une expérience singulière : celle de retenir un texte et de le dire. Une lutte contre le temps, l’oubli, le vieillissement, contre l’absence et la disparition.
– Bovary (2016). Tiago Rodrigues s'empare du procès intenté à Flaubert pour convoquer sur scène l'histoire d'Emma Bovary.
– Sa façon de mourir (2017). Anna Karénine est ici le personnage principal. Pas Anna, non, mais le livre de Tolstoï, l'objet de cuir et de papier qui traverse les générations et nous aide à vivre.
– Sopro (2017). Joué au Festival d’Avignon, ce spectacle met en lumière la place du souffleur, d'une souffleuse en l'occurrence, le poumon du lieu mais aussi du geste théâtral.