Texte de Jon Fosse
Première à la Comédie de Genève
C’est la fin de l’automne.
Les arbres sont nus déjà. Il a plu. Un homme marche dans un cimetière, lit les épitaphes, s’assoit sur un banc. Il a pleuré, peut-être. Une femme entre. Elle et Il se trouvent, ou se retrouvent, Elle et Il vont s’aimer, peut-être, ou se sont aimés et quittés, ou s’aiment encore comme s’ils s’étaient déjà aimés. Le temps s’accélère, ou peut-être se suspend, ou alors tourne en rond.
Jon Fosse a l’art d’écrire entre les mots, à la lisière du vide, pour mieux toucher nos fragilités. Avec une infinie tendresse, il crayonne ses personnages qui – comme nous, dans nos rêves, ou nos souvenirs, peut-être – s’aiment et se rencontrent et se ratent là où le temps n’existe plus.
« L’apparente simplicité de cette pièce est bâtie sur une langue infiniment rythmique et poétique. Une pièce d’acteurs et d’actrices, comme on dit, pour faire sonner cette parole totalement d’aujourd’hui et comme déjà classique. Oui, presque voir les mots, traversés par les acteurs, par les actrices (ou l’inverse). Nous aimons, avons aimé et aimerons approcher un peu (plus) cette joie troublante d’être en vie sur une scène. » NKDM
DENIS MAILLEFER
Codirecteur de la Comédie de Genève pendant 6 ans, metteur en scène et pédagogue, Denis Maillefer fut l’assistant de Patrice Chéreau au théâtre et de Patrice Caurier et Moshe Leiser à l’opéra.
Il co-fonde le Théâtre en Flammes avec le plasticien Massimo Furlan et a aujourd’hui une quarantaine de spectacles à son actif dont Roberto Zucco de Koltès, La Cerisaie de Tchekhov, Le Voyage en Suisse et On liquide d'Antoine Jaccoud, L’Enfant éternel de Philippe Forest, Gênes 01 et Nature morte dans un fossé, Seule la mer d’Amoz, Lac ou encore Perdre son sac de Pascal Rambert. Parallèlement aux mises en scène de textes d’auteurs, il écrit lui-même – en complicité avec les actrices et les acteurs – certains de ses spectacles, dont Je vous ai apporté un disque, La Première fois, In Love with Federer ou encore Looking for Marylin (and me).
Il met en scène Les Joyeuses commères de Windsor d’Otto Nicolai et Carlotta ou la Vaticane de Dominique Gesseney-Rappo pour l’Opéra de Fribourg en 2016.
Passionné par la direction d’actrices et d'acteurs, il développe un théâtre de la parole, du sensible et de l’intime.
Jon Fosse
L’écrivain et auteur dramatique norvégien de 63 ans passe son enfance dans un village de la côte ouest, à proximité d'un fjord et dans le voisinage permanent de la mer qui va obséder ses romans comme ses pièces. Adolescent, il s’éclate dans un groupe de rock et écrit. À 24 ans, il achève son premier roman Rouge, noir puis enchaîne récits, poèmes et essais.
Acceptant la commande d'un texte destiné au théâtre par besoin financier, il découvre à 35 ans ce qui deviendra son champ de prédilection. Dès lors, il entame une œuvre dramatique foisonnante, aujourd’hui célébrée internationalement et traduite dans une quarantaine de langues. Alors qu’il en déteste la dimension culturelle, Jon Fosse érige le théâtre au rang de « la plus humaine, et la plus intense, de toutes les formes d'art » propice à créer des « moments d'entente émotionnelle inexplicables, du moins intellectuellement ». Souvent dénuées de ponctuation, ses pièces développent dans des dialogues parcimonieux, d’infimes variations de langage portées par des personnages souvent désignés par leur statut générique : lui, elle, le fils, le père, l’un, l’autre…
Son style minimal inspire Claude Régy et Patrice Chéreau qui contribueront à diffuser son écriture dans le monde francophone.
Quelques dates-clés :
1994 : publication et mise en scène de sa première pièce Et jamais nous ne serons séparés.
2009 : le pape Benoît VI lui remet une médaille à l'occasion d'une rencontre avec des artistes dans la Chapelle Sixtine.
2010 : Prix international Ibsen pour Quelqu'un va venir.
Saison 2010-2011 : pour son retour à la mise en scène de théâtre, Patrice Chéreau monte Rêve d'automne et Je suis le vent.
2015 : Docteur honoris causa de l’Université de Bergen et Grand prix de littérature du Conseil nordique.