La Nouvelle-Orléans. Une avenue des Champs-Élysées déglinguée. Et bien sûr, un tramway nommé Désir. Du reste, on s’en souvient grâce au film d’Elia Kazan. Au bout de cette ligne, le terminus de tous les rêves. Blanche DuBois y débarque, valise à la main, cherchant refuge auprès de sa soeur Stella et de son beau-frère Stanley Kowalsky, porté à l’écran par l’inoubliable Marlon Brando.
Un trio légendaire, un triangle de violence dans lequel Tennessee Williams a scellé, il y a plus de septante ans, tous les vertiges du désir et de la mort. Bourreaux et victimes, les personnages s’aiment et se détruisent. On dirait un mythe. On dirait aussi un rêve, un de ceux qui font tressaillir juste avant de sombrer dans la folie.
Krzysztof Warlikowski a demandé une adaptation à Wajdi Mouawad. Ensemble, ils ont saisi cette oeuvre comme un creuset tragique. La pièce est devenue Un Tramway, embarquant des êtres en marge de la vie. A la fois éblouissante et anéantie, Isabelle Huppert incarne Blanche DuBois. Son retour à la Comédie est un événement.
Krzysztof Warlikowski est né en 1962 en Pologne. Il a travaillé avec Peter Brook, Krystian Lupa, Giorgio Strehler. Son Hamlet marque l’édition 2001 du Festival d’Avignon. Depuis, sa carrière est internationale. Il monte Shakespeare, Sarah Kane, Tony Kushner. En 2009, il créé (A)pollonia pour la Cour d’Honneur du Palais des Papes d’Avignon, avant son escale à la Comédie. Il dirige aujourd’hui le Nowy Teatr de Varsovie.
Au cinéma, Isabelle Huppert a tourné avec les plus grands, de Claude Chabrol à Michael Haneke. Au théâtre, elle trace un parcours sans faute. Le public de la Comédie a pu l’applaudir dans 4.48 Psychose dirigé par Claude Régy, dans Hedda Gabler mis en scène par Eric Lacascade et dans Quartett réinventé par Bob Wilson.