Vie de Gundling Frédéric de Prusse Sommeil rêve cri de Lessing

Ce spectacle a lieu exceptionnellement au Théâtre du Loup
(10, chemin de la Gravière - 1227 Les Acacias, Genève)

L’écriture de Heiner Müller aspire en elle le vingtième siècle européen. L’auteur «regarde l’histoire dans le blanc des yeux» avec effroi, sans pathos, souvent avec humour et sarcasme. Son œuvre capte le basculement des sociétés occidentales à la fin des années 70 alors que s’annoncent la mondialisation, les révolutions technologiques et l’effondrement du bloc de l’Est.

De retour d’un séjour inespéré aux États-Unis, il écrit en 1976 Vie de Gundling Frédéric de Prusse Sommeil rêve cri de Lessing, un texte surprenant qui, avec Hamlet-machine, écrit à la même époque, lui vaudra d’être censuré dans son pays, l’Allemagne de l’Est. Il use des procédés surréalistes du «roman-collage » pour composer un théâtre prémonitoire, une fresque expérimentale, autobiographique et déjantée.

«Il y a de la pitié dans cette pièce, disait Heiner Müller. Pitié pour tout ce qui y est décrit. En beaucoup de points, c’est aussi un autoportrait». Jean Jourdheuil s’empare de ces fragments et en propose une interprétation vive, un «surf politico-psychique».

Heiner Müller (1929-1995) débute sa carrière d’auteur de théâtre après la Deuxième Guerre mondiale en RDA. Accusé de «pessimisme historique», il verra la plupart de ses œuvres censurées, mais s’imposera à l’étranger comme l’un des plus grands écrivains de son temps. Parmi ses pièces les plus célèbres, on peut citer: Germania Mort à Berlin, La Bataille, Hamlet-machine, La Mission, Quartett. Il a également écrit des essais et de nombreux poèmes.

Metteur en scène, traducteur, auteur, essayiste, Jean Jourdheuil est un outsider du théâtre français. Dès les années 70, il a traduit et créé de nombreuses œuvres de Heiner Müller. Ces dernières années, il a mis en scène Michel Foucault, choses dites, choses vues (2004), Philoctète de Heiner Müller (2009) et trois opéras de Mozart. Il a également collaboré, à titre de dramaturge, à la mise en scène par Peter Stein du Prix Martin de Labiche et à celle des Fausses Confidences de Marivaux par Luc Bondy.