Dans le cadre du festival Antigel - Genève
C’est la fin de la nuit. Après une fête, une sœur et un frère se retrouvent. Leur lien fusionnel, dans un contexte familial violent, s’est trouvé brutalement déchiré par un drame, 20 ans auparavant.
EXTRA LIFE décortique l’expérience sensible de ce moment à travers des jeux de dissociations qui articulent minutieusement la musique, l’espace, la lumière, la chorégraphie et le jeu. En architecte des sensations, Gisèle Vienne se plaît à les déplier pour mieux en diffracter les facettes multiples.
De la scène émerge alors la densité pure de l’instant.
« L’univers, ou plutôt les univers de Gisèle Vienne, sont aussi complexes, troublés troublants, aussi multiples qu’est limpide l’évidence avec laquelle elle partage avec nous ses projets. Des projets qui travaillent (avec) les corps, les voix, la lumière – souvent saturée – les objets, comme un puzzle dont les pièces dissemblables prennent leur sens complet une fois mises ensemble. Une richesse assez bluffante que nous retrouvons dans ce projet, comme nous la retrouvons pour la troisième fois dans notre programmation. Faut-il dire que nous sommes en admiration ? » NKDM
Gisèle Vienne
Formée à la philosophie et à l’art des marionnettes, l’artiste franco-autrichienne compare son travail à un sport de l’extrême. Elle revendique l’intensité, non pas tant de ce qu’elle donne à voir que de ce qu’elle donne à imaginer. Dans ses chorégraphies où pantins et autres poupées donnent accès à des territoires trop sombres pour des acteurs, Gisèle Vienne nous fait dialoguer avec les pulsions les plus abjectes dont est capable l’humain, sans jamais nous emprisonner dans ses abîmes. Comme si révéler la part d’ombre du monde aidait à se souvenir de la lumière. L’univers de l’artiste donne aussi lieu à des expositions de ses films et photographies ou de ses marionnettes. Il est le fruit de collaborations régulières avec l’écrivain étatsunien Dennis Cooper, avec les musiciens Stephen O’Malley et Peter Rehberg, avec l’acteur Jonathan Capdevielle.
Quelques spectacles emblématiques :
- Showroomdummies (2001, réécrit en 2009). Un de ses premiers spectacles, entre le vivant et l’artifice, la réalité et le fantasme, inspiré par le roman érotique La Vénus à la fourrure (1870), de Leopold Von Sacher-Masoch, l’histoire d’un homme qui s’éprend d’une statue de Vénus, et rencontre une femme qui en semble la personnification.
- Jerk (2008). Dans la continuation d’un travail entamé en 2004 (I Apologize) avec l’écrivain Dennis Cooper, cette pièce pour un comédien manipulateur – Jonathan Capdevielle met en scène un serial killer qui rejoue avec des poupées et une peluche de panda les meurtres d’adolescents qu’il a perpétrés.
- The Ventriloquists Convention (2015). Quoi de plus troublant qu’une réunion de ventriloques ? Gisèle Vienne et Dennis Cooper imaginent l’événement, qui a réellement lieu chaque année dans le Kentucky, tant du côté des marionnettes que de leurs manipulateurs.