Alternant voix parlée et voix chantée, l’opéra de Eötvös est un véritable tour de force pour les cinq chanteurs et chanteuses lyriques qui se partagent dix-huit rôles, au cours de vingt-deux scènes se succédant comme autant d’épisodes, tous reliés au restaurant chinois Le Dragon d’Or. De bribes en bribes, l’intrigue se tisse, grotesque, cocasse, parfois gore, jusqu’au drame.
Seize musiciennes et musiciens de l’Ensemble Contrechamps, installés au plateau, portent la partition dans un rapport de complicité accrue avec les interprètes. Le Dragon d’Or démontre que l’opéra peut sortir de ses gonds en défiant les conventions.
Julien Chavaz
À l’orée de la quarantaine, Julien Chavaz a vu du pays, fréquenté de prestigieuses maisons d’opéra et arbore un impressionnant palmarès dans l’art lyrique. Ses choix de mises en scène dessinent un parcours original : Acis et Galatea de Händel au Théâtre Royal de La Haye puis à la Kleine Komedie d’Amsterdam. À Londres et Zurich, il monte Teenage Bodies d’après Buxtehude, puis Blanche-Neige de Lange en création suisse, Mavra de Stravinsky, La Chauve-Souris de Strauss, Monsieur Choufleuri de Offenbach, et crée Sholololo ! pour le festival Belluard.
Il assiste Herbert Frisch au Komische Oper de Berlin et à l’Opréa de Zurich, ainsi que Sam Brown au Welsh National Opra de Cardiff et au Luzerner Theater. Fidèle collaborateur de Laurent Pelly, il l’accompagne dans des créations au Santa Fe Opera, à l’Opéra de Lyon, au Grand Théâtre de Genève et au Dutch National Opera d’Amsterdam.
Quelques étapes-clés dans sa carrière :
- En 2001, il fonde la compagnie Opéra Louise.
- En 2018, il met en scène le concerto pour piano de Schumann sous le titre de Ouvertüre pour le Théâtre Équilibre de Fribourg.
- Sa mise en scène de Moscou Paradis de Chostakovitch au Théâtre de l’Athénée à Paris figure dans la sélection des meilleurs spectacles 2018 du journal Le Monde.
- En septembre de cette même année, il prend la Direction artistique du NOF-Nouvel Opéra de Fribourg, fondation née de la fusion entre l'Opéra de Fribourg et la compagnie Opéra Louise.
Peter Eötvös
Compositeur, chef d’orchestre et pédagogue né en 1944 en Transylvanie, il commence la musique comme instrumentiste car sa mère est pianiste. À onze ans, il gagne son premier prix de composition. Dès la fin des années 50, on le sollicite pour accompagner des projections de films sur lesquelles il improvise au piano ou à l’orgue, puis on le sollicite pour écrire de la musique pour le théâtre et le cinéma. Il fait très vite figure d'enfant terrible avec ses compositions avant-gardistes, influencées par les sons de l’Ouest.
Diplômé en composition à l’Académie de musique de Budapest et en direction d’orchestre à la Hochschule für Musik de Cologne, il se produit régulièrement à la tête de l’Ensemble Stockhausen entre 1968 et 1976, et collabore avec le studio de musique électronique de la Radio de Cologne de 1971 à 1979. Il répond à l’invitation de Pierre Boulez en venant diriger le concert inaugural de l’Ircam en 1978, puis est nommé directeur de l’Ensemble InterContemporain, poste qu’il conserve jusqu’en 1991.
Cette même année, il crée la Fondation internationale Eötvös et en 2004 la Fondation Eötvös pour la musique contemporaine à Budapest, à destination des jeunes compositeurs et chefs d’orchestre. Il ne dissocie pas ses activités de compositeur, de chef d'orchestre, d’enseignant ou de conseiller musical pour de grandes institutions européennes.
Son omniprésence sur la scène musicale contemporaine par la multitude de commandes qu’il reçoit lui permet d'assimiler les musiques nouvelles qui émergent. Par ailleurs, ses œuvres pensent toujours le dispositif théâtral.
Quelques-unes de ses compositions :
- Kosmos (1961), pour piano.
- *Music for * New York (1971), pour saxophone et percussion avec bande.
- Chinese Opera (1986), pour ensemble.
- Korrespondenz (1992), pour quatuor à cordes.
- Replica (1998), pour alto et orchestre.
- Die Tragödie des Teufels (2010), opéra en deux parties.
Roland Schimmelpfennig
Auteur de théâtre, metteur en scène, dramaturge, journaliste et traducteur notamment d’auteurs dramatiques de langue anglaise, cet artiste allemand né en 1967 se fait repérer en 1998 lorsqu’il remporte le prix Schiller catégorie Jeune talent de la région Bade-Wurtemberg. En 1997, le prix Else-Laker-Schüler récompense sa pièce Fisch um Fisch. Il est également lauréat du Prix des dramaturges Else Lasker-Schüler, du Prix des dramaturges de Mülheim, du Prix Nestroy de Vienne et du Prix de lecture radiophonique ARD.
Il occupe le poste de dramaturge de la Schaubühne de Berlin de 1999 à 2001.
Quelques-unes de ses pièces :
- Une nuit arabe (2000). Une nuit d’été, chaude et moite, dans une tour, au milieu d’une cité quelconque... et, une coupure d’eau dans un immeuble HLM déclenche « l’histoire » de Fatima, Vanina, Khalil, Pierre et du concierge Lemonnier.
- Push-up (2001). Que seront prêts à faire les employées et employés d’une multinationale pour se catapulter au sommet de la pyramide hiérarchique ? Cette pièce sur l’arrivisme est composée de trois duos-duels qui les confrontent dans leur soif d’aller toujours plus haut.
- Peggy Pickit voit la face de Dieu (2010). Anciens amis de fac, deux couples de quarantenaires devenus médecins se retrouvent pour dîner. Liz et Frank mènent une vie bourgeoise et cosy dans une grande ville européenne ; Karen et Martin rentrent après six ans passés à exercer dans un dispensaire en Afrique. Nous assistons aux frictions des retrouvailles entre le modèle d’une réussite à l’occidentale et le modèle apparemment vertueux de l’engagement humanitaire.