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Après les silences

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Édito NKDM – Saison 23-24

Un mandat. Un mandat pour changer d’échelle.

Six années pour bâtir un rêve.

Six années à le partager. Sans jamais cesser d'y croire.

Ce rêve ? Celui d’un nouveau théâtre au haut niveau d’exigence artistique qui fédère tous les publics. D’une programmation pensée comme une collection qui touche les esprits et les cœurs. Ce rêve de voir des spectacles complets et des listes d’attente. Ce rêve d’un lieu qu’on imagine ouvert en continu, du matin au soir. Un lieu de ville, un lieu de vie.

Pour nous aider à croire à ce rêve impossible, nous repensions à Matthias Langhoff, ainsi qu'à l’Association pour la nouvelle Comédie. Nous nous sommes accrochés à ce rêve utopique, à leur rêve, même quand toutes les circonstances semblaient s’acharner contre sa réalisation.

Inauguration. 
Miracle. 
Oui, un miracle couleur néon rose. 
Car aujourd’hui, au moment du bilan de fin de mandat, nous devons parfois pincer fort nos peaux devenues épaisses à force de contretemps. 

Nous avons connu des standing ovations à répétition. Les abonnements ont quadruplé, la fréquentation moyenne des salles a atteint près de 75%, nous avons multiplié par dix les tournées des spectacles. Certains jours, jusqu'à 1500 personnes ont envahi ce lieu devenu le leur, un lieu de vie. D’autres jours, 7 projets différents made in Comédie se sont joués simultanément à Paris, à Madrid, dans un EMS, dans le Grand Genève, dans les deux salles et dans nos foyers. Le projet du « Pont des Arts » a fait vivre ce lieu pour tous et toutes. Oui, il existe vraiment ce lieu inclusif grouillant  de créativité, où une spectatrice sortant d’un spectacle s’étonne d’un battle de hip-hop dans les couloirs de la Comédie. Et les chiffres ne disent rien de la joie, du public, des artistes, la nôtre, celle de toute l’équipe.

Les chiffres ne disent rien de l’immensité de l’imaginaire des artistes, cet imaginaire qui déploie des mondes en nous, des possibilités d’y croire, d’être ensemble et de rire et de pleurer et de hurler bravo. Les artistes ouvrent des champs de possibles. Et cette possibilité d’une île sauvage et intacte dans nos cœurs a fait construire  les murs de ce théâtre.

Ce qui force à l’humilité lorsqu’on voit un théâtre se construire, c’est que les artistes, eux, déconstruisent, décodent, nous prennent à rebrousse-poil et sont là pour déjouer les plans.

En réalité, un théâtre n’est pas qu’un bâtiment, ce n’est pas qu’une salle à la  technologie de pointe. C’est avant tout une page blanche. Une page blanche pour les artistes.

Tout ce travail collectif acharné, cette organisation, ces équipes si impliquées, tout cela est au service de ce silence, de ce « rien » qui précède le geste artistique. Au service d’un regard aiguisé sur la société. Au service de la possibilité d’un rêve, d’un monde meilleur, d’un rire.

Alors devant cette page blanche et ce silence, nous nous sentons humbles. Nous regardons ce théâtre que nous avons eu le privilège et la responsabilité de codiriger. Nous admirons cette équipe si engagée. Et nous avons confiance que dans de futurs silences se créeront de nouvelles mélodies, se composeront des mots, des phrases et des mouvements qui nous feront, vous feront, vous sentir en vie.

Merci.

NKDM — Codirection Natacha Koutchoumov & Denis Maillefer
 

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