Mycélium

« Au centre du livre sauvage, drôle et furieusement beau d’Olga Tokarczuk se trouve Janina, une femme de soixante-cinq ans qui se connaît bien et dont l’esprit ironique ajoute un niveau supplémentaire à son histoire. Elle exprime avec une clarté aveuglante ce que ça fait de vivre précisément à notre époque. Prophétesse d’un monde en proie au feu, elle est audacieuse, désordonnée, énervée et juste – furieuse de l’état du monde, mais déterminée à agir pour y remédier. Elle ne nettoie jamais sa maison, préférant consacrer son temps à la poésie et au cosmos, aux rires et aux secrets que les animaux nous réservent.

L’image qui revient souvent dans la mise en scène de Sur les ossements des morts est celle du mycélium : ce remarquable réseau de champignons qui existe en profondeur sous le sol de la forêt, reliant les arbres par leurs racines, et distribuant l’eau et les nutriments tout au long de sa toile.

Une bonne métaphore pour une histoire sur la profonde interconnexion entre l’humanité et la nature – et les périls qui nous attendent lorsque cette relation est fracturée.

Les très bonnes histoires sont un peu à l’image de ce réseau de mycélium – elles peuvent servir à tisser des liens entre les uns et les autres, et à faire comprendre que nous faisons partie d’un ensemble bien plus vaste que nous. Ce soir, en assistant à l’histoire de Janina, nous pourrions nous percevoir, non comme un simple public, mais comme un tout solidaire. Ces dix dernières années ont montré que la perception de nos liens avec l’environnement n’a jamais été aussi délicate et profonde. Une modification considérable de notre attitude collective est nécessaire pour nous permettre de coexister en harmonie avec le monde qui nous entoure.

C’est un honneur de présenter l’un des portraits les plus fervents de la littérature sur l’expérience humaine dans notre monde moderne. »

Simon McBurney et Amber Massie-Blomfield
pour le programme du spectacle présenté au Barbican – Londres