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Écouter les oiseaux

30 nov - 02 déc 2023 | Grande salle | Durée : 3h45 (2 entractes inclus)

Ils nous ont oubliés

SÉVERINE CHAVRIER

Théâtre | Accueil | France

D’après La Plâtrière de Thomas Bernhard

Inspiré du roman de Thomas Bernhard La Plâtrière, Ils nous ont oubliés de la nouvelle directrice de la Comédie de Genève, Séverine Chavrier, a été créé en mars 2022 au Teatre Nacional de Catalunya à Barcelone. Après une tournée dans toute la France, de l'Odéon au TNP de Villeurbanne, la pièce sera dévoilée à la Comédie le 30 novembre prochain.

Une forêt habitée de vrais oiseaux et de chamois empaillés, avec de faux arbres et de la neige éblouissante, des bruits de la nature et des percussions live.

C’est là qu’en cette nuit de Noël, des rôdeurs découvrent le corps d’une femme.

Qui a tué Mme Konrad ? Flash-back dans l’enfer conjugal que vivait un couple cloîtré entre les murs de la Plâtrière, ancienne fabrique de chaux perdue dans un no man’s land.

Entre thriller domestique et farce givrée, Ils nous ont oubliés est un biotope singulier à la croisée du théâtre, de la musique et de la vidéo – une symphonie théâtrale, plastique et sonore.

« Un langage, un regard, une manière personnelle de raconter. Tout au long de cette plongée au long cours dans ce monde étrange, menacé/menaçant, où la nature (celle du dehors, celle de l’humain) se rappelle sans cesse à nous. Tout nous parvient avec force et évidence, et nous sommes pourtant bien loin du réalisme. Bien avant que Séverine Chavrier ne soit nommée, il nous est apparu évident que ce spectacle, mené comme une enquête (sur nos troubles), serait dans la "bibliothèque" Comédie.» NKDM

 

SÉVERINE CHAVRIER

Directrice du CDN Orléans / Centre-Val de Loire de 2017 à 2023, Séverine Chavrier est musicienne, metteuse en scène et diplômée de philosophie. Elle dirige la Comédie de Genève depuis le 1er juillet 2023.

Après une classe en hypokhâgne, elle se forme au jeu d’acteur très jeune, rejoint les cours de Michel Fau et François Merle puis participe à différents stages où elle continue de se former auprès d’artistes comme Félix Prader, Christophe Rauck, Darek Blinski, Rodrigo Garcia. Elle a également suivi des études musicales au Conservatoire de Genève.

Chacun de ses spectacles est l’occasion de rencontres et de croisements. En tant que comédienne et musicienne, elle multiplie les collaborations tout en dirigeant sa propre compagnie, La Sérénade interrompue. Aux côtés de Rodolphe Burger, elle rencontre Jean-Louis Martinelli pour qui elle crée et interprète la musique de plusieurs spectacles au Théâtre Nanterre-Amandiers (Schweyk de Bertolt Brecht, Kliniken de Lars Norén et Les Fiancés de Loches de Feydeau).

Séverine Chavrier développe une approche singulière de la mise en scène, où le théâtre dialogue avec la musique, la danse, l’image et la littérature. Elle conçoit ses spectacles à partir de toutes sortes de matières : le corps de ses interprètes, le son du piano préparé, les vidéos qu’elle réalise souvent elle-même. Sans oublier la parole, une parole erratique qu’elle façonne en se plongeant dans l’univers des auteurs qu’elle affectionne.

En 2009, sa pièce Épousailles et représailles, d’après Hanokh Levin, créée au Théâtre Nanterre-Amandiers puis programmée au Centquatre-Paris par l’Odéon - Théâtre de l’Europe, dans le cadre du Festival Impatience, dissèque les vicissitudes du couple avec humour, cruauté et humanité. En octobre 2011, Séverine Chavrier, alors artiste associée au Centquatre, y crée, dans le cadre du Festival Temps d’images d’Arte, Série B – Ballard J. G., inspirée de James Graham Ballard, puis, au Festival d’Avignon 2012, Plage ultime, repris notamment au Théâtre Nanterre-Amandiers et à la MC2 Grenoble.

Entre 2014 et 2016, elle est invitée à créer deux pièces au Théâtre Vidy-Lausanne, Les Palmiers sauvages, d’après le roman de William Faulkner, et Nous sommes repus mais pas repentis, d’après Déjeuner chez Wittgenstein de Thomas Bernhard. Après des tournées sur les plus grandes scènes françaises (Bonlieu Scène nationale Annecy, Nouveau Théâtre de Montreuil, Comédie de Reims, Théâtre d’Arras, L’Apostrophe Cergy-Pontoise, Théâtre Liberté Toulon...), ces deux pièces sont présentées en diptyque à l’Odéon au printemps 2016. Elles sont ensuite reprises au CDN Orléans / Centre-Val de Loire et ont tourné pendant la saison 2019/2020 (Le Monfort Théâtre, Théâtre de la Ville, Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine).

Depuis 2015, Séverine Chavrier développe par ailleurs un travail au long cours avec la création d’Après coups, Projet Un-Femme dont les deux premiers volets, créés en 2015 et 2017, ont été présentés au Théâtre de la Bastille à Paris et en tournée à Lyon, Rouen et Orléans, réunissant des artistes femmes venues du cirque et de la danse. Un diptyque a été créé à Orléans avant d’être présenté au Théâtre national de Bretagne (Rennes), au Manège, Scène nationale-Reims, à la MC 93 et au CDN Besançon Franche-Comté.

La musique, qu’elle joue dans ses propres mises en scène ou avec de prestigieux improvisateurs, continue d’occuper une place importante dans sa vie d’artiste. En 2013, elle improvise au piano, en duo avec Jean-Pierre Drouet aux percussions pour le Festival d’Avignon et l’Opéra de Lille, et en trio avec Bartabas à La Villette. À l’automne 2016, à La Pop (Paris), elle crée avec Armel Malonga, bassiste congolais, le spectacle Mississippi Cantabile, rencontre musicale entre Nord et Sud.

En janvier 2020, à l’invitation de Carmen Romero et du Festival Santiago a Mil, Séverine Chavrier remet en scène une version espagnole des Palmiers sauvages, Las Palmeras Salvajes, avec une équipe artistique et technique chilienne. Cette nouvelle version du texte de Faulkner est en tournée depuis sur les territoires hispanophones.

En 2020, sa création autour de l’adolescence et de la musique, Aria da capo, est créée au Théâtre national de Strasbourg en partenariat avec le Festival Musica. Ce spectacle était en tournée pendant la saison 20/21 (CDN Orléans / Centre-Val de Loire, Théâtre de la Ville-Les Abbesses, Centre Pompidou) et en 22/23 (Théâtre des 13 vents - CDN Montpellier, Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine, ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie, Les Halles de Schaerbeek – Bruxelles, Théâtre Nanterre-Amandiers). En 2023-2024, elle est présentée au festival d’automne de Madrid en novembre et sera donnée à la Comédie de Valence CDN en mars.

En 2022, elle crée Ils nous ont oubliés d’après Thomas Bernhard au Teatre Nacional de Catalunya de Barcelone, en continuant d’explorer les relations entre le théâtre, la musique, l’image et la littérature. La production est ensuite présentée à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, au Teatro Nacional São João de Porto, à la Comédie de Genève puis en janvier 2024 à La Colline, Théâtre national.

En automne 2023, Séverine Chavrier était à l’affiche du Festival Musica de Strasbourg avec KV385, une mise en scène de la symphonie n°35 de Mozart « Haffner », élaborée avec le compositeur et musicien Pierre Jodlowski et jouée par l’Orchestre philharmonique de Strasbourg.

Elle retrouve actuellement l’écriture de William Faulkner en travaillant à une adaptation de son roman Absalon, Absalon !

Quelques dates-clés :                                                  

2009 : création d’Épousailles et représailles d’après Hanokh Levin au théâtre Nanterre-Amandiers, puis reprise au Centquatre-Paris.
2011 : artiste associée au Centquatre-Paris. Elle y crée Série B, inspiré de J-G. Ballard.
2012 : mise en scène de Plage ultime au Festival d’Avignon.
2014 et 2016 : mise en scène de Les Palmiers sauvages, d’après William Faulkner, et Nous sommes repus mais pas repentis (déjeuner chez Wittgenstein) de Thomas Bernhard.
2015 : création de deux volets Après coups, Projet Un-Femme, projet qui réunit cinq femmes issues du cirque et de la danse, au CDN d’Orléans puis présenté au Festival TNB à Rennes.
2020 : à l’invitation du Festival Santiago a Mil, elle met en scène une version en espagnol des Palmiers sauvages, Las Palmeras Salvajes. La même année, sa création autour de l’adolescence et de la musique, Aria da capo, est créée au Théâtre National de Strasbourg en partenariat avec le Festival Musica.
2021 : direction artistique de AFTER ALL, spectacle de fin d'études de la 33ème promotion du Centre national des arts du cirque/CNAC.

Thomas Bernhard

L’Autriche a engendré quelques monstres sacrés de la littérature, parmi lesquels Thomas Bernhard figure en tête de liste. L’écrivain entretient avec sa patrie honnie-chérie ce légendaire rapport d’amour-haine qui aiguise sa plume. C’est aux Pays-Bas qu’il voit le jour en 1931 dans une maternité religieuse pour filles perdues. Son père fuit en Allemagne en abandonnant mère et enfant. Premier mauvais tour du sort, Thomas ressemble beaucoup à ce père qui ne le (re)connaîtra jamais. De retour en Autriche, sa mère se marie avec un garçon coiffeur et donne naissance à deux autres enfants. Partiellement éduqué par son grand-père, Thomas est placé à 12 ans dans un internat dirigé jusqu’à la fin de la guerre par les nazis, puis repris par des catholiques ; une double violence qui marquera son adolescence. Il commet alors sa deuxième tentative de suicide, après celle de la petite enfance. Le sort s’acharne : la pleurésie qui le ronge dégénère en tuberculose pulmonaire. Le voilà, à tout juste 18 ans, ballotté de sanatorium en sanatorium. Immobilisé par les hospitalisations, il commence à écrire. Le vent tourne : il décroche une bourse de l’académie de musique de Vienne puis entre au Mozarteum de Salzbourg. À 26 ans, il est diplômé en musique, jeu et mise en scène. Parallèlement, il rédige des chroniques puis publie ses premiers poèmes. L’impitoyable univers de Thomas Bernhard naît. Assauts misanthropiques, répétitions obsessionnelles, humour hargneux, charges cruelles contre ses contemporains : l’auteur-sniper attaque l’hypocrisie feutrée de la société autrichienne sans craindre le scandale.

À l’œuvre romanesque de Thomas Bernhard s’ajoute l’œuvre dramatique. Sa première grande pièce, Une fête pour Boris, est créée à Hambourg en 1970. On retrouve dans son théâtre les longues phrases répétitives et les envolées monologiques que livrent ses personnages haineux. Enfermé dans sa solitude existentielle, l’homme semble pris en étau entre la terreur et l’envie d’éclater de rire. Parmi ses pièces, citons L’Ignorant et le fou, Avant la retraite, Le Réformateur, Place des Héros ou encore Déjeuner chez Wittgenstein qui remporte un vif succès populaire. La majorité de ses textes sont montés par Claus Peymann et joués par Bernhard Minetti, acteur qui donnera son nom à l’une des pièces de l’auteur, créée en 1976.

Quelques dates-clés :

1950 : rencontre avec Hedwig Stavianicek au sanatorium. De 35 ans son aînée, elle devient sa compagne, sa critique, son soutien moral et financier. Ils partagent la même tombe.
1962 : parution de son premier roman Gel, qui remporte plusieurs prix.
1967 : parution de Perturbation, récit de voyage d’un médecin de campagne dans les pathologies des citoyens de Haute-Autriche.
1968 : « Nous Autrichiens sommes apathiques ; nous sommes la vie en tant que désintérêt général pour la vie » phrase assassine de l’écrivain, lancée avec provocation lors de la remise du Prix autrichien pour la littérature. Outrés, plusieurs ministres et responsables politiques quittent la salle.
1978 : opéré des poumons 11 ans plus tôt, il apprend que son état est incurable.
1982 : parution de deux romans essentiels : Béton et Le Neveu de Wittgenstein.
1986 : parution d’Extinction, critique acerbe de sa famille et de son pays.
1989 : décès des suites de sa maladie pulmonaire. Son testament stipule que rien de son travail ne doit être représenté ni publié en Autriche durant le délai légal.

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Âge conseillé : dès 16 ans
Durée : 3h45 (deux entractes compris)

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Remplissez le formulaire de demande de réservation pour les classes en renvoyez-le par mail à notre billetterie : billetterie@comedie.ch

Infos pratiques

Lieu Grande salle

Durée 3h50
1ère partie : 1h05
Entracte : 20 min
2ème partie : 1h20
Entracte : 20 min
3ème partie : 55 min

Langue français

Âge conseillé 14+

Tarifs

Plein tarif CHF 40.-
Abonné·es d'autres théâtres, Personne accompagnant un ou une jeune de moins de 20 ans CHF 32.-
AVS, AI, Chômage, abonné-es Grand Théâtre de Genève CHF 25.-
Corps étudiant ou apprenti,
Jeune de moins de 26 ans CHF 12.-
Groupements des aînés, 20ans20francs CHF 10.-

Le paiement par chéquier culture est accepté à nos guichets.

Profitez des tarifs plus avantageux de l'abonnement Je sors ! et de l'Abo jeune.

PONT DES ARTS

Visite des décors avec la scénographe Louise Sari le vendredi 1er décembre, après la représentation. Sur inscription préalable auprès de la billetterie (par téléphone au 022 320 50 01, par mail à l'adresse billetterie@comedie.ch, ou au guichet).

Bord plateau le samedi 2 décembre, après la représentation.

Avec Aurélia Arto/Adèle Joulin, Laurent Papot, Marijke Pinoy
et Florian Satche (musicien)  

D’après La Plâtrière de Thomas Bernhard
Traduction Louise Servicen
Mise en scène et création sonore Séverine Chavrier
Scénographie et accessoires Louise Sari
Régie plateau Armelle Lopez
Accessoires Rodolphe Noret
Lumière Germain Fourvel
Son Simon d’Anselme de Puisaye
Vidéo Quentin Vigier
Régie vidéo Typhaine Steiner
Costumes Andrea Matweber  
Éducation des oiseaux Tristan Plot
Intervention IRCAM Augustin Muller
Conception de la forêt Hervé Mayon - La Licorne Verte
Assistanat à la mise en scène Ferdinand Flame
Assistanat à la scénographie Amandine Riffaud
Réalisation décor Julien Fleureau, Olivier Berthel

Remerciements Rachel de Dardel, Marie Fortuit, Pascal Frey, Antoine Girard, Romuald Liteau Lego, Marion Stenton
 

Production à la création CDN Orléans - Centre-Val de Loire
Coproduction Théâtre de Liège - Tax Shelter, Théâtre National de Strasbourg, ThéâtredelaCité - CDN Toulouse Occitanie, Tandem Scène nationale Arras-Douai, Teatre Nacional de Catalunya
Avec l’aide exceptionnelle de la Région Centre - Val de Loire
Soutiens Odéon-Théâtre de l’Europe, JTN - Jeune Théâtre National - Paris, ENSATT - École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre - Lyon, Ircam Institut de recherche et coordination acoustique-musique
Avec la participation du DICRéAM
 
La Plâtrière de Thomas Bernhard dans la traduction de Louise Servicen est publié aux Éditions Gallimard.
Thomas Bernhard est représenté par L’Arche, Agence théâtrale www.arche-editeur.com

« Séverine Chavrier : la scène, la musique et le son dans Ils nous ont oubliés » Musique Matin, avril 2022, France Musique

« Séverine Chavrier : Sur le plateau, j'ai besoin que tout soit joué et joueur » Par les temps qui courent, avril 2022, France Culture

« Un huis clos étouffant et superbe. » Les Échos
 
« Séverine Chavrier impose son style, nourri d’improvisations et d’ajouts. [...] on n’échappe pas à « sa » Plâtrière, traversée de scènes fracassantes de beauté et d’expressivité. » Le Monde

« C’est un coup de maître d’une radicalité réjouissante que réalise Séverine Chavrier en montant ce roman difficile. » Les Inrockuptibles
 
« Ce que j’aime dans l’immobilisme bernardien, c’est son acuité, son humour désespéré, son fol amour de l’art, sa vie avec la musique, la violence verbale des rapports et cette question de l’impossible grande œuvre à écrire (...). » Séverine Chavrier Transfuge Magazine
 
« Séverine Chavrier dirige d'une main de maître Laurent Papot, Marijke Pinoy et Camille Voglaire qui donnent respectivement à Konrad, sa femme et leur aide-soignante une intensité et une profondeur envoûtantes. » Sceneweb
 
« Une effrayante fantasmagorie parfaitement orchestrée par Séverine Chavrier. » Diacritik
 
« À la croisée du théâtre, des arts musicaux et sonores, des arts plastiques et de la vidéo, Séverine Chavrier créé une imposante symphonie théâtrale. Et s'affirme comme une véritable écrivaine de scène. » La Terrasse
 
« Une dégringolade tonitruante vers la folie et le meurtre, servie par une mise en scène ultrasensorielle et des comédiens généreux. » L’œil d’Olivier
 
« Une épopée du son et de l’image qui marquera, par sa puissance, l’histoire du théâtre français. » Artistikrezo

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