Une fresque brillante, drôle, désespérée, et jouissive : Sylvain Creuzevault taille dans ce monument de la littérature mondiale, Les Frères Karamazov, dernier roman de Dostoïevski, pour en extraire avec jubilation les thèmes existentiels – la culpabilité, le mal, Dieu et l’athéisme, la révolution sociale – sur un ton qui emprunte à l’humour farcesque. Il exhume l’esprit théâtral de cette histoire de famille dont Jean Genet disait qu’elle était «une farce, une bouffonnerie à la fois énorme et mesquine».
Un spectacle qui dit les bruits du monde mais surtout la joie pure et ludique et généreuse du théâtre.
SYLVAIN CREUZEVAULT
Cofondateur de la compagnie D’ores et déjà avec Arthur Igual, Damien Mongin et Louis Garrel, Sylvain Creuzevault met en scène des textes, mais travaille aussi à partir de thèmes et d’improvisations.
Après avoir monté Brecht, Mayenburg, Heiner Müller, il crée Le Capital et son singe en 2014, spectacle inspiré par Le Capital de Karl Marx. Depuis 2016, Sylvain Creuzevault est artiste associé à l’Odéon-Théâtre de l’Europe.
Littéralement possédé par Dostoïevski, il adapte Les Démons en 2018, dans une version limpide, servie par un jeu propice à tisser une complicité étroite entre les artistes et le public. En « fissurant le sacré » comme il dit, Sylvain Creuzevault permet à l’humanité de jaillir par la faille, dans toutes ses contradictions.
Il retrouve Dostoïevski en 2019 avec L’Adolescent. Le romancier russe lui inspire également Le Grand Inquisiteur, présenté à l’Odéon en 2020.
Artiste engagé, il fonde en 2021 les Conseils Arlequins, École du Parti, une école centrée sur la formation des actrices et acteurs dont le programme pédagogique s’inspire de L’Esthétique de la résistance de Peter Weiss. Les premiers travaux seront présentés au cours de la saison 2022-2023.
En tant que comédien, Sylvain Creuzevault travaille notamment sous la direction d’Emmanuel Demarcy-Motta, Lionel Gonzàlez et Bernard Salva. Au cinéma, on le retrouve dans La Clef de Guillaume Nicloux, dans Les Amants réguliers de Philippe Garrel et dans plusieurs courts-métrages.
FEDOR DOSTOÏEVSKI
Maître du roman russe, l’écrivain né en 1821 à Moscou est condamné à mort en 1849 pour son appartenance à une société secrète anti-tsariste. Au moment précis où la sentence va être exécutée, elle est commuée en 8 années de bagne. Dans ses Souvenirs de la maison des morts, Dostoïevski relate cette expérience extrêmement formatrice en Sibérie parmi les prisonniers. Il y côtoie toutes sortes d’individus, souvent issus des classes les plus miséreuses de la société russe, et prend pleinement conscience de la dure réalité de ces « pauvres gens » qu’il décrit dans ses premiers récits et romans.
Victime d’une passion dévorante pour les jeux d’argent, Dostoïevski passe près de dix années à l’étranger, notamment à Genève, à se plaindre de la météo et du maigre soutien financier que lui accordent proches et éditeurs. Sa mauvaise humeur et ses désillusions ne l’empêchent pas d’écrire, bien au contraire : Les Carnets du sous-sol (1864) constituent un tournant dans sa carrière, annonçant les profonds questionnements existentiels qui traversent les cinq grands romans par lesquels Dostoïevski achève son œuvre.
L’ultime roman, Les Frères Karamazov (1880), pose avec une acuité nouvelle la question de la liberté individuelle, de la responsabilité morale et de la foi, dans une intrigue digne des meilleurs romans policiers.