Journal

de Anton Tchekhov (AU THÉÂTRE DU LOUP)

17 - 28 jan 2019 | Théâtre du Loup

три сестры - Les Trois Sœurs

Timofei Kouliabine

2 x 3 Soeurs

au Théâtre du Loup | Opération 2 x 3 Sœurs


Parce que les comédiennes et les comédiens russes sont exceptionnels, parce qu’ils jouent autant avec leur corps qu’avec leur tête, parce qu’ils respirent Tchekhov comme ils le pensent, ils sont capables de nous transmettre la poésie de notre auteur de chevet sans ouvrir la bouche. Ici c’est le bruit assourdissant de l’émotion qui vous submergera, car pratiquement aucun mot n’est échangé par ces actrices et acteurs qui disent tout en ne disant rien.

Pendant une année, cette troupe sibérienne dirigée par Timofei Kouliabine a appris la langue des signes russe. La partition tient LE rôle principal de ce spectacle. Les enjeux et les ressorts de la pièce ainsi mis à nu nous laissent voir la cartographie écorchée des relations entre les personnages. L’esprit de troupe, la performance d’acteur et la finesse des enjeux dramaturgiques en font un spectacle qui nous habite longtemps.

Nous sommes heureux de vous faire découvrir ce bijou.

L'histoire des Trois Sœurs d'Anton Tchekhov

Les trois sœurs Prozorov – Macha, Olga et Irina – leur frère Andreï et sa femme Natacha, partagent une demeure dans la campagne russe.
Macha est institutrice, Olga est mariée à un homme qu’elle n’aime pas, tandis qu’Irina, la cadette, rêve de travailler.
La pièce commence le jour de l’anniversaire d'Irina, un an après la mort de leur père, une fête marquant la fin du deuil et le début, espèrent-elles, d'une vie nouvelle.
Dans cette vie dominée par l'ennui et rythmée seulement par les visites d'officiers venus de la garnison voisine, un rêve habite les trois sœurs : retourner à Moscou, la ville de leur enfance heureuse

Biographies brèves

Timofei Kouliabine
Né en 1984, Timofei Kouliabine est un metteur en scène russe. Formé à l’Académie du théâtre de Russie (GITIS), il dirige la troupe du Théâtre de la Torche rouge à Novossibirsk depuis 2015.

Quelques dates-clés :
2007 : Nommé metteur en scène associé du Théâtre de la Torche rouge à Novossibirsk
2009 : Signe sa première mise en scène d’opéra, Le Prince Igor d’Alexandre Borodine à l’Opéra de Novossibirsk
2014 : Tannhäuser de Richard Wagner, Opéra de Novossibirsk. Le spectacle, jugé ostentatoire par l’église orthodoxe russe, conduit au renvoi du directeur et au retrait de l’œuvre du répertoire.
2014 : Macbeth de Shakespeare et Kill d’après Friedrich von Schiller, tous deux récompensés aux Golden Masks
2015 : Les Trois Sœurs d’après Anton Tchekhov est élue « Production de l’année » par l'Association internationale des critiques de théâtre.

***

Anton Tchekhov
Nouvelliste et dramaturge mais également médecin, Anton Tchekhov est né à Taganrog en Russie en 1860 et mort à Badenweiler en Allemagne en 1904. Son œuvre dramatique explore les tempêtes immobiles de l’intime tout en ouvrant la voie du théâtre moderne.

Quelques dates-clés :
1880-81: Écrit sa première pièce Platonov, qui reste inachevée et dont le manuscrit sera retrouvé et publié après sa mort
1884 : Termine ses études et exerce la médecine près de Moscou
1887 : Création de Ivanov
1896 : Oncle Vania
1897 : Création de La Mouette qui est d’abord un échec avant d’être reprise avec succès par Stanislavski
1900 : Les Trois Sœurs
1903 : La Cerisaie

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la langue des signes russe au théâtre / âge conseillé : dès 15 ans / durée 4h20 (avec trois entractes)

 

Ici c’est le bruit assourdissant de l’émotion qui vous submergera, car pratiquement aucun mot n’est échangé par ces actrices et acteurs qui disent tout en ne disant rien. Pendant une année, cette troupe sibérienne dirigée par Timofei Kouliabine a appris la langue des signes russe. La partition tient LE rôle principal de ce spectacle. Les enjeux et les ressorts de la pièce ainsi mis à nus nous laissent voir la cartographie écorchée des relations entre les personnages.

 

Timofei Kouliabine ne réécrit pas Les Trois Sœurs, il les traduit.  Dans une langue particulière qui utilise des voies inhabituelles. Il traduit Tchekhov en langue des signes.

Une langue théâtrale

Le langage des signes est une langue à part entière, à la syntaxe spécifique, qui emprunte un canal différent des langues orales, reliant le geste et la vision.

 

Une langue hautement théâtrale en somme, parce qu’elle est avant tout visuelle. Ici, pour se parler il faut se voir, pour écouter il faut regarder. Dès lors, dans le silence animé des conversations muettes, on entend les corps qui se touchent et s’agitent pour capter l’autre, son regard – et donc son attention –, on entend les corps se voir et se comprendre, et puis s’immobiliser soudain, tendus dans l'écoute, à l’affût des mots signés qui traversent le silence.

 

Dans ce silence, non seulement le texte se détache de façon cristalline, palpable presque, mais une lecture nouvelle de Tchekhov affleure. Le monde disloqué qui est le sien, dans lequel les liens sont défaits et le dialogue atomisé, cette dramaturgie du fragment dont il est le précurseur et qui témoigne du décousu de la vie, Kouliabine, en quelque sorte, lui redonne un centre. Parce qu’ici, dans cette fiction où les personnages ne peuvent s’entendre, et bien les êtres se parlent, pour la première fois peut-être. Parce que dans cette langue particulière qui est la leur, il n’est pas possible de s'exprimer « à la cantonade », de lancer des répliques dans le vide. Non, il faut harponner l’autre, aller le chercher, physiquement, lui adresser, au sens fort, son discours. Tout l’inverse d’un dialogue de sourds en somme. Plutôt que d’accentuer la dimension éclatée de l’écriture tchekhovienne qui dit le délitement du monde et des êtres, Kouliabine crée un univers dans lequel semblent évoluer les passagers d'une embarcation certes en perdition, en danger de dispersion, mais qui ne cessent de se battre pour ne pas se perdre, qui tentent avec une énergie inédite de colmater les brèches, pour sauver encore quelque chose d’une vie qui part à vau l’eau. Jamais sans doute la dernière réplique de la pièce, « nous vivrons », n’a résonné aussi justement. Dans le silence. 

 

avec : Ilia Mouzyko, Anton Voïnalovitch, Klavdia Katchoussova, Valeria Kroutchinina, Irina Krivonos, Daria Iemelianova, Linda Akhmetzianova, Denis Frank, Alexeï Mejov, Pavel Poliakov, Konstantin Télégine, Andreï Tchernykh, Sergeï Bogomolov, Sergeï Novikov, Ielena Drinevskaïa
thématiques : le langage, la réécriture, le temps qui passe, les désespoirs amoureux, l’ennui, l’amour, l’autonomie, le travail
activités pédagogiques : dossier d’accompagnement pédagogique, présentation dans la salle de cours, visite du théâtre, atelier jeu


Ce spectacle en langue des signes russe, surtitré en français, en anglais ou en russe, est accessible aux personnes sourdes et malentendantes.
 

Présentation audio du spectacle par Natacha Koutchoumov :

Infos pratiques

Au Théâtre du Loup
Chemin de la Gravière 10, Les Acacias, Genève
Il n'est pas possible de se garer devant le Théâtre du Loup. Veuillez utiliser le Parking du Centre Sportif des Vernets (Rue Hans-Wilsdorf 4)


Langues :
En langue des signes russe, surtitré en français et en anglais tous les soirs, à l'exception du samedi 19 et mercredi 23 janvier où les surtitres seront en français et en russe.
 

Tarifs :
CHF 40.- à CHF 12.-


Samedi à tout prix
Tarif libre (de CHF 2.- à CHF 50.-) pour la représentation du 26.01.2019 à 17h.
En vente uniquement au guichet de la Comédie le jour même dès 13h puis au Théâtre du Loup dès 16h.


Durée :
4h20
1ère partie : 50 min /entracte
2e partie : 57 min /entracte
3e partie : 56 min /entracte 
4e partie : 60 min


Âge conseillé :
14 +


En + :

Pop Russian Night – Après-ski et paillettes > le samedi 19 janvier dès 21h30 au Théâtre du Loup. Buffet Saveurs de l’Est / Bar à vodka / DJ. Tarif : CHF 20.- / Réservation conseillée au +41 22 320 50 01
Bord plateau > le dimanche 20 janvier. Une rencontre unique, après la représentation, avec l’équipe du spectacle.
Brunch autour des Trois Sœurs: Moscou, lieu de l'utopie ? Avec Belinda Cannone & Georges Banu > le samedi 26 janvier à 11h à la Comédie de Genève. Tarif : CHF 20.- / Réservation nécessaire au + 41 22 320 50 01
Mises en bouche > les mardis, vendredis et samedis 30 min avant le début du spectacle. Quelques pistes, juste ce qu’il faut, pour apprécier les spectacles encore mieux.

jeu : Ilia Mouzyko, Anton Voïnalovitch, Irina Krivonos, Daria Iémélianova, Linda Akhmetzianova, Valéria Kroutchinina, Denis Frank, Alexeï Mejov, Pavel Poliakov, Konstantin Télégine, Andreï Tchernykh, Sergeï Bogomolov, Sergeï Novikov, Iéléna Drinevskaïa
réalisation : Timofeï Kouliabine, Roustam Akhmedshin, Natalia Iarouchkina, Lilia Gontcharenko, Véra Alimova, Lidia Ignatovitch, Nina Belkina, Vassili Filipchuk, Iaroslav Kisseliov, Alexandre Bélohoussov, Igor Sorokine, Andreï Tcherbakov, Anna Kolesnikova, Sergeï Pravdine


production : Théâtre “Krasnyi Fakel” (la Torche rouge) – Novossibirsk
coréalisation : Odéon-Théâtre de l’Europe, Festival d’Automne à Paris

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